Afrique centrale: pour la BEAC, le crédit téléphonique n'est pas un moyen de paiement

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Le 05/11/2020 à 13h19, mis à jour le 05/11/2020 à 13h20

Le crédit téléphonique n'est pas de l'argent et ne peut être utilisé comme moyen paiement, indique la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), en réponse au courrier de l’Association des opérateurs concessionnaires de téléphonie mobile du Cameroun.

Dans une correspondance adressée au président de l’Association des opérateurs concessionnaires de téléphonie mobile au Cameroun, le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), Abbas Mahamat Tolli, interdit l'utilisation des unités de crédit téléphonique comme moyen de paiement pour des services.

«Les crédits de communication sont une marchandise, un produit ou un service, qui ne servent que pour les services de téléphonie et qui, même s’ils ont une valeur marchande, ne sont pas des moyens de paiement ou de la monnaie», indique le gouverneur.

«Ils sont créés par des entreprises qui ne sont pas des prestataires de service de paiement habilités à émettre et gérer des moyens de paiement. Les unités de crédit téléphonique ne sont donc pas, en l’état de la réglementation communautaire applicable, ni de la monnaie fiduciaire, ni de la monnaie électronique, ni un instrument ou moyen de paiement», ajoute-t-il.

Cette mise au point est en fait une réponse aux opérateurs de téléphonie mobile qui ont sollicité l’avis de la BEAC au sujet de l’applicabilité de la collecte des droits de douane par voie numérique sur les téléphones qu’envisageait de mettre en œuvre l’administration camerounaise.

Celle-ci prévoyait notamment que ces taxes soient débitées sur les unités de crédit téléphonique des utilisateurs de téléphone. Face à la polémique engendrée, ce modèle a finalement été abandonné par le gouvernement. Cependant, la BEAC en profite pour rappeler à l’ordre des opérateurs de téléphonie mobile qui débitent les crédits téléphoniques pour le paiement de certains services. Notamment divers jeux et quizz lors de certaines célébrations (Saint-Valentin, Nouvel An, Noël, fête des Mères...), des manifestations sportives, etc.

Pour avoir accès à certaines informations ou participer à ces jeux, les utilisateurs s’abonnent par SMS via un numéro court et leur crédit téléphonique est débité en fonction d’une certaine périodicité.

Des utilisateurs se plaignent du reste d’être bombardés par ces SMS promotionnels qu’ils trouvent envahissants. Aussi, la BEAC recommande-t-elle aux opérateurs de téléphonie «d’éviter à l’avenir toute présentation, tout usage ou exploitation des unités de crédit téléphonique en francs CFA, ce qui est de nature à susciter une confusion avec la monnaie légale en vigueur dans les États membres».

Par Patricia Ngo Ngouem (Yaounde, correspondance)
Le 05/11/2020 à 13h19, mis à jour le 05/11/2020 à 13h20