Mali: les jihadistes expliquent pourquoi ils ont enlevé le chef de l'opposition

le360: Diemba Moussa Konaté

Le 28/03/2020 à 10h21, mis à jour le 28/03/2020 à 10h32

La Katiba de Macina d’Amadou Koufa revendique l’enlèvement de Soumaïla Cissé. Dans deux messages, elle pointe du doigt le chef officiel de l'opposition malienne et pose ses conditions pour sa libération, tout en mettant en garde Barkhane et la Minusma contre toute tentative de libération.

On en saurait désormais un peu plus sur l’enlèvement, le mercredi 25 mars, de Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la république et la démocratie (URD), et sa délégation dans la région de Tombouctou, dans le nord du Mali.

Selon deux messages audio reçus par les médias locaux, ce serait la Katiba de Macina, aussi appelée Front de libération du Macina, du prédicateur Amadou Koufa, membre du Groupe de Soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), qui serait derrière l’enlèvement de l’ancien Premier ministre et actuel chef de file de l’opposition malienne.

Dans les messages, l’un en langue songhaï et l’autre en peul, la Katiba pointe du doigt le président de l’URD, Soumaïla Cissé, et l’accuse d’être un «ennemi de Dieu».

Partant, ses ravisseurs prétendent que le chef de file de l’opposition malienne ne maîtriserait pas les fondamentaux de l’islam et avancent qu’ils vont le reconvertir à l’islam.

Par ailleurs, ils reprochent également à Soumaïla Cissé son refus de tout dialogue avec les jihadistes. «Il faut rappeler que quand [le président Ibrahim Boubacar Keïta, ndlr] IBK a dit qu’il faut discuter avec les jihadistes, Soumaïla a fait partie des gens qui s’y sont opposés. Selon lui, nous ne sommes pas des démocrates. Maintenant qu’il est entre nos mains, il comprendra qu’il faut discuter avec nous», soulignent les ravisseurs.

Les ravisseurs posent aussi leurs conditions pour libérer Soumaïla: «Soumaïla sera libéré à condition de libérer nos détenus».

Tout en expliquant que Soumaïla ne sera ni insulté ni frappé, les jihadistes avertissent: «Nous mettons en garde la Minusma, Barkhane et l’armée malienne contre toute tentative de libérer par la force Soumaïla. Ils seront responsables de ce qui arrivera. Nous le garderons pour lui enseigner le coran et les lois islamiques (…). Il a été enlevé par les élèves de Hamadoun Kouffa. Ses droits seront respectés. L’islam n’accepte pas qu’on bafoue les droits des personnes».

S’ils affirment dans ces messages que Soumaïla serait détenu dans de bonnes conditions, ils assurent qu’il ne sera pas libéré «avant que sa barbe ne pousse».

Pour le moment, ces messages audio ne sont pas encore authentifiés et leur origine n’est pas certifiée. Toutefois, la région est bien connue comme étant l’une de celles où évolue ce groupe jihadiste.

Soumaïla Cissé, président de l’Union pour la République et la démocratique (URD), chef de file de l’opposition malienne, et sa délégation, a été enlevé le mercredi 25 mars dans la région de Tombouctou, dans le cercle de Nianfunké, alors qu’ils étaient en campagne électorale.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 28/03/2020 à 10h21, mis à jour le 28/03/2020 à 10h32