Qui sont les 10 pays africains membres de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures?

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Le 07/01/2019 à 14h46, mis à jour le 09/01/2019 à 12h45

La Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII) compte actuellement, dans son tour de table, 10 pays africains dont le Maroc. D’autres pays en ont fait la demande. Qui sont-ils? Et quel est l’objet de cette institution qui compte actuellement 93 membres?

Créée par la Chine en 2015, la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (BAII) est une institution financière multilatérale qui attire de plus en plus de pays. Trois ans à peine après sa création, le nouveau bras financier de Pékin pour assoir son influence géopolitique dans le monde attire de plus en plus de pays. La BAII compte ainsi actuellement 93 membres dont 10 pays africains.

Parmi la première vague de pays africains à intégrer cette nouvelle institution, figurent l’Egypte, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie, le Kenya et le Soudan. La seconde vague, admise le 20 décembre dernier, compte l’Algérie, le Ghana, le Maroc, la Libye et le Togo.

D’autres pays africains ont aussi déposé leur dossier de candidature pour rejoindre cette institution et attendent l’obtention de l’aval du Conseil d’administration de la BAII, parmi lesquels le Nigeria, la première puissance économique du continent, le Sénégal, Madagascar, etc.

Elle compte aussi parmi ses membres fondateurs plusieurs autres pays asiatiques (l'Indonésie, les Philippines, la Corée du Sud, etc.), mais aussi la Russie, le Brésil, l'Australie, ainsi que de grandes puissances européennes (l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, les Pays-Bas, etc.).

Au rang des pays industrialisés qui refusent, quant à) eux, de rejoindre la BAII figurent les Etats-Unis, le Canada et le Japon.

Les Etats-Unis considèrent que la BAII est une institution qui vise à assoir la présence de la Chine dans un certains nombre de pays, notamment en Afrique et en Asie, en favorisant ses entreprises et ses intérêts géopolitiques.

Ils voient aussi, dans le développement de cette institution, la volonté de la Chine de briser la domination des pays occidentaux sur la gouvernance des différents bailleurs de fonds multilatéraux, dont, tout particulièrement, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque asiatique de développement, laquelle est dominée par les Etats-Unis et le Japon, etc.

S’il y a un tel engouement pour la BAII en Afrique, c’est que son objectif principal répond parfaitement aux besoins du continent africain.

En effet, dotée d’un capital de départ de 100 milliards de dollars, dont la moitié a été apportée par la Chine, la BAII s’est fixée comme objectif prioritaire le financement des projets d’infrastructures dans le monde, et particulièrement au niveau des nouvelles «Routes de la soie» chères au président chinois Xi Jinping.

Or, c’est au niveau du continent africain que le déficit en infrastructures est le plus criant dans le monde. Une situation qui handicape le développement du continent, et dont les dirigeants semblent avoir pris conscience.

Du coup, avec cet instrument financier, la Chine concurrence les grandes institutions multilatérales et leurs conditions bien souvent très draconiennes pour nombre de pays africains.

Depuis quelques années, plusieurs pays du continent se sont engagés dans des projets d’infrastructures colossaux dans différents domaines: barrages hydroélectrique pour la production d’électricité, autoroutes, chemins de fer, ports et aéroports, infrastructures sportives, etc.

Plus de la moitié de ces infrastructures sont aujourd’hui financées par la Chine et réalisées par des entreprises chinoises qui sont moins regardantes, tout particulièrement en matière de normes de gouvernance et de respect des standards environnementaux et sociaux.

Depuis son lancement officiel en 2016, la BAII a investi 7,5 milliards de dollars dans 25 projets. L’essentiel de ces investissements est allé à l’Asie. 

Toutefois, cette tendance devrait évoluer en faveur du continent africain, où les projets d’infrastructures font face à l’épineux problème de financement.

Le premier pays à bénéficier des concours de la BAII sera l’Egypte, l’un des premiers à intégrer l’institution. Ce pays a ainsi bénéficié en 2017 d’un prêt de 210 millions de dollars pour le financement de 11 projets de centrales solaires d’une capacité globale de 490 MW. Et en 2018, l'Egypte a bénéficié d'un second prêt de 300 millions de dollars pour un programme d'assainissement. Il faut noter que le pays a injecté 560 millions de dollars dans le capital de la BAII.

La Chine, initiatrice de cette institution financière visant le développement, détient actuellement 30% de son capital et 26% des droits de vote, devant l’Inde qui en contrôle 8,4%. Les pays de l’Union européenne détiennent quant à eux 20% du capital et 20,8% des droits de vote.

Par Moussa Diop
Le 07/01/2019 à 14h46, mis à jour le 09/01/2019 à 12h45