Homosexualité: le mariage de convenance, un casse-tête pour les homosexuels de la diaspora maghrébine

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Le 19/09/2017 à 01h40, mis à jour le 19/09/2017 à 01h50

Revue de presseLes homosexuels issus de la diaspora maghrébine et vivant en France ont du mal à assumer et à vivre leur homosexualité dans un milieu familial conservateur. La situation est encore plus corsée quand il s’agit de contracter un mariage de convenance.

Kiosque le360 Afrique: Difficile d’assumer son «coming-out» pour les lesbiennes et gays issus de la diaspora maghrébine, et encore moins d’assumer un mariage de convenance dans un environnement culturel conservateur.

Du coup, à la fin de la saison des mariages, nombre d’entre eux n’ont toujours pas trouvé la personne idéale pour contracter ce mariage qui aurait pu leur permettre de vivre pleinement leur homosexualité en échappant aux pressions familiales. C’est le cas d’Alex, originaire d’Algérie et musulman pratiquant. Ce cadre, rapporte Le Monde, souhaitait «organiser une vie de couple avec un partenaire de vie de long terme, tout en permettant à chacun de vivre des engagements sentimentaux ailleurs».

Car, pour Alex et nombre d’homosexuels maghrébins vivant en France, il n’est pas question de faire connaître son orientation sexuelle aux membres de la famille. D’ailleurs, comme l’explique la sociologue Salima Amari, auteure d’une thèse intitulée ”Des équilibres instables: construction de soi et relations familiales chez les lesbiennes maghrébines migrantes et d’ascendance maghrébine en France”, «ces personnes sont obligées de se marier car elles refusent de faire leur coming-out».

Cette situation s’explique essentiellement par le fait qu’affirmer son homosexualité au sein de cette communauté pourrait avoir de lourdes conséquences: ruptures familiales douloureuses, isolement, marginalisation sociale, etc. Du coup, la pression familiale est forte chez cette communauté d’homosexuels de la diaspora maghrébine. A ce titre, les jeunes filles de moins de 25 ans sont globalement les moins soumises à la pression familiale. Selon Salima Amari, «l’interdit parental (principe de virginité) permet aux jeunes femmes jusqu’à l’âge de 25 ans de vivre des relations homosexuelles, même si toutefois elles restent confinées au secret».

Pour la sociologue, «l’homosociabilité est souvent encouragée socialement car elle rassure les parents qui ne craignent pas que leurs filles perdent leur virginité». Toutefois, passé cet âge, «les femmes, au même titre que les hommes, sont soumises à la pression du mariage et de la parentalité».

Dès lors, «le mariage alors apparaît pour ces personnes comme la seule manière de vivre leur orientation sexuelle». Toutefois, grâce aux réseaux sociaux, des groupes Facebook se forment et échangent des messages qui contribuent à favoriser les relations homosexuelles libres.

Cette situation, les homosexuels maghrébins la vivent aussi dans les pays du Maghreb où la nécessité de perpétuer la descendance est forte. Ainsi, «Au Maroc, Karima n’a pu échapper aux phrases insistantes de ses parents qui l’ont sommée de se marier et de devenir mère. Elle a cédé à la pression, mais en tablant sur un mariage de convenance avec un gay marocain musulman. Et, comme l’explique la sociologue, ce mariage de convenance «fait plaisir à la famille. Tant qu’à donner le change, autant le faire bien en choisissant un ”faux mari” qui corresponde aux critères du gendre idéal. Les parents sont souvent demandeurs et parfois même exigeants de mariages endogames».

Bref, aussi bien parmi les Maghrébins de l’Hexagone que ceux d’Afrique du nord, très peu arrivent à vivre librement leur homosexualité et, surtout, à contracter un mariage. Ainsi, pour preuve, sur la cinquantaine de personnes interrogées par la sociologue, deux seulement ont pu contracter un mariage de convenance.

Par Karim Zeidane
Le 19/09/2017 à 01h40, mis à jour le 19/09/2017 à 01h50