Ces deux Etats vassaux que rêve de créer Alger dans l'espace sahélo-saharien

DR

Le 16/01/2017 à 14h11, mis à jour le 16/01/2017 à 14h15

On connaît le soutien qu'apporte Alger aux rebelles du Polisario. Ce qui est moins ostensible c'est son double-jeu concernant les velléités d'indépendance des Touaregs du Nord Mali. L'Algérie rêve de la création de deux Etats, à la fois pour affaiblir ses voisins et se garantir deux vassaux.

Amputer le Maroc du Sahara et favoriser la création d’un Etat tampon au Nord du Mali, tel est le rêve secret que nourrit Alger dans l’espace sahélo-saharien. Dans le premier cas, après avoir caché son jeu, le gouvernement algérien affiche de la manière la plus claire le soutien apporté aux rebelles du Polisario. Sur le plan financier, le fait que cette organisation dépende entièrement d’Alger est un secret de Polichinelle. Il est en effet démontré que la quasi-totalité de l’aide internationale est détournée par les membres dirigeants du Polisario.

Mais c’est surtout l’attitude d’Alger par rapport aux rebelles du Nord Mali qui inquiètent. Car, le voisin nord-africain du Mali semble bien jouer au pompier pyromane dans la crise. L’Algérie fait tout pour être le principal voire l’unique acteur dans la résolution de la rébellion touareg. Quand la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a voulu prendre les devants pour appeler à la table des négociations Bamako et les rebelles du Nord Mali, Alger a fait des mains et des pieds pour écarter l’organisation sous-régionale.

Terrorisme: le double-jeu d'Alger qui intrigue Français et Maliens

Il faut dire qu’en offrant le gîte et le couvert à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), il est beaucoup plus facile d’exiger que les pourparlers aient lieu sous son escarcelle. Et Bamako n’a pas beaucoup le choix, sachant qu’indirectement Alger agite la menace de faire perdurer l’instabilité dans le nord du pays. C’est en tout cas ce que pensent à la fois la presse et la société civile maliennes. Au moment des affrontements qui ont régulièrement lieu entre la CMA et le Gatia, c’est vers l’Algérie que les blessés de la CMA sont systématiquement évacués. Et en temps de calme, c’est également grâce aux réseaux algériens que les rebelles entretiennent leurs trafics en tous genres. Quoi qu’il en soit, à Bamako, on ne se fait plus d’illusion sur l’intention du puissant voisin du Nord. Il fera durer l’instabilité autant que possible, espérant qu’à terme, l’indépendance ou au moins une très large autonomie soit accordée à l’Azawad.

Le Mali qui a un territoire deux fois et demi plus large que la France, avec ses 1,24 million de km2, n’a malheureusement pas les moyens de s’opposer à cette volonté d’Alger. D’autant que le Nord, qui représente les deux tiers de cette superficie, n’est habité que par 8% de la population totale du pays. C’est dire que la tâche est loin d’être facile pour les autorités maliennes. A cela s’ajoutent les reproches que l’on formule à l'encontre de la France qui a également joué un double jeu après son intervention. Car Paris semble vouloir s’appuyer sur les seules populations connaissant bien ce vaste territoire, dans sa lutte contre le terrorisme. Or, ces derniers ne sont autres que les Touaregs. Ce qui fait qu’après l’opération Serval qui a permis de chasser les islamistes de Gao, Ségou, Tombouctou et Kidal, le gouvernement malien a complètement perdu son autorité dans le Nord.

Mali: Alger en pompier-pyromane dans la crise du Nord

Quoi qu’il en soit, l’objectif que poursuit Alger pour la création des Etats vassaux est clair. Au cas où ils viendraient à voir le jour, ils dépendraient forcément sur le plan militaire et économique de l’Etat dominant que serait l’Algérie. De plus, il se dit que le Nord Mali qui se trouve sur le même bassin sédimentaire que l’Algérie possède d’importantes ressources pétrolières. Si l’autonomie ou l’indépendance de l’Azawad était favorisée par Alger, à qui profiterait l’exploitation de ses ressources, si ce n’est prioritairement à Alger?

Concernant les provinces du sud marocain, le but visé n’est guère différent. Il faut néanmoins se souvenir que l’Algérie a connu la période coloniale la plus longue de tout de continent, si l’on cumule les trois siècles de l’empire Ottomane et le siècle et demi de la présence française. On imagine qu’il s’agit d’un vrai traumatisme ancré dans la mémoire collective de ce peuple nord-africain. D'où le fait que l’Algérie préfère de loin avoir comme voisins des micros Etats ou tout au plus des Etats faibles à sa botte.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 16/01/2017 à 14h11, mis à jour le 16/01/2017 à 14h15