C’est dans la nuit de vendredi à samedi, à minuit, qu’entre en vigueur le décret d’ouverture des frontières de l’espace Schengen aux quinze pays figurant sur la liste de l’Union européenne le 30 juin. Cette dernière a publié le document après moult tergiversations sur sa composition définitive, et notamment sur l’opportunité, ou non, d’y inclure la Chine. Au bout du compte, 4 pays africains –Algérie, Maroc, Rwanda et Tunisie– figurent dans la version définitive.
Autrement dit, les ressortissants de ces pays pourront théoriquement entrer dans l’espace communautaire européen sans subir de restrictions, telles que la mise en quarantaine ou la soumission à un test Covid-19.
Toutefois, qu’un État figure dans cette liste ne lui donne pas automatiquement la possibilité de l’entrée effective de ses résidents dans l’espace des 27. Et pour cause, chaque pays membre de l’espace Schengen a la liberté d’interdire l’accès à son territoire à l’un ou plusieurs pays de la liste.
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C’est ainsi que le Maroc, l’Algérie et le Rwanda sont exclus par l’Allemagne. Quant à l’Espagne, elle a retiré le Maroc et la Chine des pays tiers dont les résidents peuvent entrer sur son territoire. Selon la porte-parole du gouvernement espagnol, Maria Jesus Montero, les frontières «seront ouvertes lorsque ces États (Maroc et Chine) autoriseront l’entrée sur leur territoire des résidents espagnols.» En clair, il est question de réciprocité.
Au final, au niveau du continent africain, dans l'immédiat, seule la Tunisie devrait bénéficier largement de cette ouverture de l’espace européen.
Au moins deux raisons principales expliquent l’ouverture des grands pays de l’espace européen à la Tunisie.
D’abord, contrairement à l’Algérie et au Maroc, la Tunisie a déjà ouvert son espace aérien depuis le 27 juin dernier au reste du monde avec des conditions selon les pays de provenance.
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Ainsi, pour les ressortissants des pays classés dans la «liste verte» (Allemagne, Italie, etc.) peuvent rentrer en Tunisie sans aucune restriction. Par contre, ceux venant d’un État classé en «liste orange» devront être munis d’un certificat attestant qu’ils ne sont pas atteints du Covid-19.
Et tout ressortissant de pays ne figurant dans aucune de ces deux listes peut entrer en Tunisie, mais à condition d’accepter un confinement durant deux semaines.
Ainsi, la question de la réciprocité qu’exigent les pays de l’Union européenne aux 15 pays de la liste ne se pose pas pour la Tunisie.
Ensuite, la Tunisie figure parmi les pays les moins touchés par la pandémie du coronavirus. En effet, avec 1.181 cas de coronavirus enregistrés depuis le début de la pandémie, le pays compte 1.045 guérisons, 50 décès et désormais seulement 86 cas actifs. Ceux-ci sont pour l’essentiel des cas importés, dans le cadre du rapatriement des Tunisiens bloqués à l’étranger.
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En clair, si la Tunisie est acceptée par presque tous les pays européens, à l’exception de ceux qui refusent d’ouvrir, pour le moment, leurs frontières au reste du monde, c’est qu’elle n’est pas du tout un pays à risque en ce qui concerne le Covid-19. D’ailleurs, contrairement aux autres pays africains, la Tunisie a bouclé son déconfinement.
Elle est donc encore moins touchée par la pandémie que les pays de l'Union européenne. Partant, aucun pays de cet espace ne peut avancer l’argument sanitaire pour interdire l’accès des Tunisiens aux territoires des 27.
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Ce n’est pas le cas du Maroc et de l’Algérie, des pays qui ont entamé leur déconfinement, mais qui connaissent depuis quelques jours une nouvelle vague de contaminations et qui préfèrent préserver leur territoire de tous nouveaux cas importés. C’est aussi le cas du Rwanda, qui lui non plus n’est pas accepté par certains pays, comme l’Allemagne.
Reste que même pour la Tunisie, l'accès à l'espace européen ne sera pas total. En effet, certains, comme la République tchèque et la Hongrie, ont tout simplement décidé de fermer leurs frontières aux 4 pays africains considérés pourtant comme «sûrs» par l’Union européenne.