Afrique. Covid-19: tout sur la pandémie, l'approvisionnement en vaccins et les campagnes de vaccination

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Le 09/02/2021 à 17h15, mis à jour le 09/02/2021 à 20h36

Le continent africain enregistre depuis début février un ralentissement des contagions au Covid-19. Toutefois, les pays africains ont du mal à s’approvisionner en vaccins. Du coup, ce sont toujours deux pays seulement qui ont réellement lancé des campagnes de vaccination.

Les contagions au Covid-19 semblent ralentir un peu partout en Afrique, à quelques exceptions près. Une situation que laisse transparaître la courbe de contagion au Convid-19 au niveau du continent où on voit nettement une chute remarquable des contaminations quotidiennes au coronavirus.

Ainsi, comparés au début janvier dernier où on enregistrait autour d’une moyenne de 35.000 contaminations quotidiennes, on est tombé actuellement autour de 15.000 cas par jour. Conséquence des confinements et autres mesures reprises par les Etats pour faire face à la seconde vague de contaminations beaucoup plus contagieuse à cause, en partie, de la seconde souche sud-africaine, et plus mortelle.

Courbe des contaminations quotidiennes au Covid-19 en Afrique.

En tout, à la date du 8 février 2021, le continent africain comptait 3,68 millions de cas de Covid-19 confirmés. Les pays les plus touchés sont l’Afrique du Sud (1,48 million de cas), le Maroc (475.589 cas), la Tunisie (217.753 cas), l’Egypte (170.207 cas), l’Ethiopie (142.994 cas) et l’Algérie (140.391 cas). Toutefois, ce chiffre, à l’instar de celui des contaminations semble être très sous-évalué du fait de la faiblesse des tests réalisés au niveau du continent.

En effet, deux pays seulement semblent avoir réalisé un nombre de tests relativement importants. Il s’agit de l’Afrique du Sud et du Maroc qui ont réalisé respectivement 8,51 et 4,98 millions de tests Covid-19 depuis l’apparition de la pandémie. Ce n’est pas pour rien que ces deux pays affichent des données sur les contagions au Covid-19 les plus élevées du continent.

Il n’en demeure pas moins que le continent africain reste encore faiblement touché par la pandémie. Avec 3,68 millions de cas, l’Afrique qui représente 17% de la population mondiale, ne compte que 3,45% des infections au Covid-19. Outre le fait que les données statistiques soient un peu biaisées, cela pourrait essentiellement s’expliquer par des cas asymptomatiques beaucoup élevés qui font que beaucoup de personnes sont infectées sans se rendre compte. La jeunesse de la population africaine pourrait expliquer cette situation. En outre, le climat chaud, la résilience de la population aux pandémies, la génétique et l’usage régulier de la chloroquine considérée comme un remède face au Covid-19 sont avancés pour expliquer la résilience de l’Afrique.

Au niveau des décès, le continent a enregistré une certaine accélération lors de la seconde vague avec un total de 95.536 morts du Covid-19, soit un taux de létalité de 2,6%, contre une moyenne mondiale de 2,18%. C’est dire que le taux de mortalité est plus élevé en Afrique. Une situation qui s’explique surtout par le fait que les cas de personnes contaminées au Covid-19 sont sous estimés en Afrique.

Il n’empêche que face à cette seconde vague, la vaccination semble désormais être la seule alternative crédible pour immuniser les populations africaines et empêcher les confinements et reconfinements, couvre-feux et autres restrictions difficiles à imposer aux Africains dont plus de 70% vivent de l’informel.

Seulement, l’accès aux vaccins s’avère difficile pour de nombreux pays africains. Et pour cause, outre le fait que les pays développés se font livrer en priorité par leurs laboratoires, ne laissant que des miettes aux autres pays, notamment africains, de nombreux pays du continent ne se sont pas invités très tôt dans la bataille aux vaccins, en dehors du Maroc. Le royaume est le seul pays qui s’était engagé directement à acquérir des vaccins auprès des laboratoires bien avant que les premiers vaccins ne soient développés. Et c’est l’un des rares pays avec l’Egypte et l’Afrique du Sud à avoir participé aux tests anti-Covid-19.

Etant le premier pays à avoir passé des commandes de vaccins, le Maroc, a reçu, à date d’aujourd’hui (le mardi 9 février 2021), plus de doses de vaccins que tout le reste du continent africain. Le royaume a reçu 2,5 millions de doses dont 2 millions du vaccin AstraZeneca-Oxford du laboratoire Serum Institute of India et 500.000 de Sinopharm. Loin derrière arrive l’Afrique du Sud avec 1 million de vaccins reçus de Serum Institute of India. Toutefois, ces vaccins ont été jugés peu efficaces face à la souche sud-africaine. Arrivent ensuite l’Egypte (400.000 doses), Maurice, Seychelles, Egypte et Algérie 100.000 doses chacun.

A noter que l’Egypte a annoncé dernièrement une commande de 100 millions de doses pour vacciner 50 millions d’Egyptiens et 70% de la population âgée de plus de 17 ans. Ce qui correspond à la plus forte commande d’un pays africain. Le Maroc avait déjà passé une commande de 65 millions de doses auprès des laboratoires Sinopharm et AstraZeneca-Oxford pour vacciner 25 millions de Marocains et résidants au Maroc âgés de plus de 17 ans.

Quant aux vaccins du programme Covax initié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Alliance pour les vaccins, les premières doses destinées aux pays africains seront réceptionnées durant le mois de février.

La situation pourrait évoluer avec l’arrivée des commandes effectuées dans le cadre du programme Covax visant à faciliter l’accès de tous les pays aux vaccins anti-Covid-19. Le Covax prévoit de livrer 90 millions de vaccins aux pays africains durant ce mois de février. Ce qui devrait permettre le lancement de la plus grande campagne de vaccination en masse de l’histoire du continent.

A ce titre, les premiers vaccins de Pfizer-BioNTech seront livrés à 4 pays africains: Afrique du Sud, Cap Vert, Rwanda et Tunisie. Les vaccins AstraZeneca devraient suivre rapidement et concerneront presque tous les pays africains avec des lots qui permettront aux pays de vacciner certaines couches les plus vulnérables aux contagions (personnel de la santé) et à santé fragile (personnes âgées, personnes ayant des malades chroniques, etc.).

Pour sa part, l’Union africaine a garanti l’achat de 670 millions de doses de vaccins pour le continent. Ces vaccins seront distribués en 2021 et 2022. A ce titre, c’est la Banque africaine d’import-export qui facilitera les paiements auprès des fabricants et au nom des pays, en fournissant des garanties d’engagements préalables pour une valeur pouvant atteindre 2 milliards de dollars.

Reste que pour le moment, les campagnes de vaccination n’évoluent pas rapidement, sauf pour deux pays: les Seychelles et le Maroc. Selon les données de Our World in Data, le Maroc a enregistré depuis le lancement de sa campagne de vaccination, le 28 janvier dernier, 550.149 patients vaccinés. Ce sont ainsi 2,2% de la population marocaine ciblée qui a été vaccinée depuis le déclenchement de la campagne.

Outre le Maroc, l’archipel des Seychelles, premier pays du continent à vacciner sa population, compte 39.175 patients vaccinés sur une population totale de 95.000 habitants. Le pays qui a obtenu 50.000 doses d’un don des Emirats et 50.000 doses de l’Inde, a déjà vacciné plus de 60% de la population ciblée par la campagne de vaccination. Le pays devient ainsi un véritable cobaye quant à l’efficacité du vaccin en tant que moyen d’immunisation.

L’Afrique du Sud, qui a reçu 1 million de doses du vaccin AstraZeneca, a interrompu sa campagne de vaccination à cause des résultats qui ont montré une faible efficacité du vaccin sur les patients ayant contracté la souche du Covid-19 locale.

L’Egypte aussi a entamé sa campagne qui cible prioritairement le personnel de la santé, en attendant la réception de quantités suffisantes pour sa population de 105 millions d’habitants.

Quant à l’Algérie, avec 100.000 doses reçues à date d’aujourd’hui (50.000 du vaccins russe Spoutnik V et 50.000 vaccins d’AstraZeneca-Oxford), la campagne de vaccination a démarré dans des conditions désastreuses. Elle est la cible de critiques des professionnels de la santé du pays qui n’ont pas été tendres avec les autorités pour leur mauvaise gestion de l’approvisionnement du pays en vaccins et pour avoir démarré la campagne de vaccination sans aucune préparation préalable.

C’est un problème que de nombreux pays africains, ayant procédé sans préparations préalables, risquent de rencontrer quand il s’agit de lancer des campagnes de vaccination de masse.

Par Moussa Diop
Le 09/02/2021 à 17h15, mis à jour le 09/02/2021 à 20h36