Vidéo. Rabat. Forum Nigeria-Maroc: voici les opportunités d’affaires qui s'offrent aux opérateurs marocains

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Le 15/11/2019 à 14h21, mis à jour le 16/11/2019 à 17h03

VidéoLa deuxième édition du Forum Nigeria-Maroc s’est tenue hier, jeudi 14 novembre, à Rabat. Les potentialités et les opportunités d’échanges et d’investissements dans les secteurs de l'agro-alimentaires, mais aussi des mines et de l'énergie au Nigeria ont été présentés aux investisseurs marocains.

La seconde édition du Forum Nigeria-Maroc, organisée par l’ambassade du Nigeria à Rabat, s’est tenu le jeudi 14 novembre dernier dans la capitale marocaine, Rabat. Objectif: renforcer les échanges entre les deux pays, avec la présence de hauts responsables niérians et marocains, ainsi que d’opérateurs économiques des deux pays, potentiels investisseurs. 

Le principal but de cette rencontre a été de donner une nouvelle impulsion aux échanges commerciaux bilatéraux entre le Nigeria et le Maroc, aujourd'hui bien en deça de leurs potentialités.

Pour cette édition, les échanges ont particulièrement porté sur quatre secteurs fondamentaux: l'agriculture & l'agro-industries, l'énergie et la prospection et l'exploitation minière.

Cette rencontre a été l’occasion, pour les hommes d'affires nigérians et marocains, de partager leurs expériences, présenter des opportunités d’affaires, mais aussi d'étoffer leurs réseau, ainsi que de promouvoir des écosystèmes. In fine, la coopération Sud-Sud a donc pu, au terme de cette rencontre, être renforcée. 

Le Nigeria, première puissance économique d'Afrique, regorge en effet de potentialités non encore exploitées, notamment dans les domaines des mines, de l'énergie et de l'agriculture et ses dérivés. 

En effet, au niveau agricole, avec 84 millions d’hectares de terres arables, le Nigeria est aussi un pays à la pluviométrie conséqunte.

Le pays est en effet traversé par deux fleuves, l'immense Niger, à l’Ouest, dont le delta couvre une surface de 24.000 kilomètres carrés, et son affluent ,le Bénoué, à l’Est.

Le Nigeria est aussi un pays très arrosé, avec une pluviométrie moyenne annuelle variant, au total, à près de 4 mètres au sud du pays, à moins de 750 millimètres dans le nord.

Ces importantes pluies permettent de cultiver diverses variétés de féculents, légumes et légumineuses: du riz, du maïs, du manioc, des tomates, des haricots, du gingembre, etc.

Le Nigeria, premier producteur d’huile de palme dans les années soixante, devant la Malaisie et l’Indonésie, et premier producteur de cacao au monde devant la Côte d’Ivoire, a aujourd'hui perdu du terrain, à cause de l'exploitation pétrolière.

Désormais, le pays importe l’huile de palme et ne produit plus que 8% du cacao mondial, contre 40% pour la Côte d’Ivoire, pays exportateur désormais incontesté en la matière. 

Mais le Nigéria entend désormais se diversifier et offre d’importantes opportunités d’investissements dans l'agriculture et l'agro-alimentaire.

Les Etats à même de mettre à la disposition d'Abuja des investisseurs potentiels, ont, en contrepartie, des certificats d’utilisation des terres arables, pour des périodes allant de 50 à 70 ans, parfois plus, pour certains projets jugés structurants.

AInsi, pour le riz, denrée de base, les opérateurs sont encouragés à produire localement car le Nigeria va désormais interdire toute importation du riz de l'étranger d'ici deux ans, afin relancer la production locale.

En 2019, les importations de riz devraient donc atteindre 3,4 millions de tonnes, pour une consommation estimée autour de 7 millions de tonnes. Le Nigéria, second importateur mondial de cette denrée juste après la Chine, devrait voir ce rang s'amoindrir dans les prochaines années. 

Lors de ce second forum de Rabat, le Nigeria a clairement montré sa volonté de dupliquer le modèle marocain du Plan Maroc Vert (PMV) pour l'agriculture, et espère ainsi attirer les investisseurs marocains du secteur, pour bénéficier de leurs expériences et expertises.

D’ailleurs, le ministre de l’Agriculture du Nigeria s'est rendu à Rabat, expressément pour la tenue de ce forum.

Le Nigeria souhaite ainsi s’imprégner du modèle d’agrégation des petites exploitations agricoles, opérées dans le cadre du Plan Maroc Vert (PMV) qui a permis de dépasser l’écueil du morcellement des parcelles et du fonctionnement des coopératives agricoles marocaines, notamment dans les domaines laitiers, de la production de viande, des produits du terroir, etc.

Le pays bénéficie déjà de l’implantation du groupe OCP Africa, filiale du groupe OCP, qui contribue au développement de l’agriculture nigériane.

Le groupe phosphatier produit localement des engrais, et accompagne les agriculteurs à travers des études de leurs sols, pour leur offrir des engrais adaptés, mais aussi des cycles formation, et facilite le financement de leurs projets via des micro-crédits. Le groupe OCP approvisionne aussu les fermiers dans les matériaux nécessaires à la poursuite de leur projet. 

En ce qui concerne la prospection et l'exploitation minière, le Nigeria est riche, dans son sous-sol, d’importantes réserves de métaux, dont de l'or, du cuivre, de l'uranium, du gypse...

Toutefois, l'exploitation de ces métaux précieux, et plus globalement de de ces minérais, demeure encore négligeable, elle est le fait d’individus qui l'effectuent de manière artisanale.

Le pays compte donc sur le savoir-faire marocain en Afrique, tout particulièrement celle du groupe Managem dans de nombreux pays du continent (au Gabon, en RDC, en Guinée, au Soudan, en Ethiopie, etc.).

«Le Maroc dispose d'un savoir-faire dans l’exploitation de plusieurs minerais dont le phosphate, le cuivre, l’argent, l’or, le plomb... Les acteurs marocains sont présents dans plusieurs pays africains. Nous sommes ouverts pour développer des partenariats avec le Nigeria», a souligné à cet égard Amina Benkhadra, directrice générale de l’Office nationale des hydrocarbures et des mines du Maroc (ONHYM)

Ainsi, de nombreux projets miniers seront lancés en 2020.

L’objectif sera de transformer localement la production du Nigeria. Des abattements fiscaux seront donc accordés aux entreprises qui s’implanteront et qui utiliseront les matières premières locales.

Par ailleurs, l’expérience marocaine dans le domaine énergétique a été grandement saluée par le Nigeria.

Le Maroc figure en effet parmi les rares pays du continent où le taux d’électrification a atteint 100%, contre à peine 40% pour le Nigeria.

Malgré ses richesses en pétrole et en gaz, la production électrique nigériane s’établit actuellement à 8.100 mégawatts (MW), alors que les besoins du pays sont estimés dans les prochaines années à plusieurs dizaines de milliers de mégawatts.

L’expérience marocaine dans les énergies renouvelables pourra donc aider le Nigeria à résoudre une partie de son important déficit énergétique, qui constitue actuellement un obstacle majeur à son développement économique.

Le Nigeria, immense pays avec ses 210 millions de consommateurs, soit le cinquième de la population du continent africain, est un immense marché, qui offre d'importantes opportunités d'investissement pour les entreprises exportatrices marocaines, dans divers secteurs: sardines, produits électriques, agroalimentaires, etc. 

Cette rencontre de Rabat, qui vient de se clore, a également été l’occasion de débattre des évolutions des projets structurants entre les deux pays, dont celui du gazoduc Nigeria-Maroc (cf. entretien avec Amina Benkhadra).

Ce gazoduc devra, à terme, relier les deux pays, en traversant 11 autres pays ouest-africains. Une formidable opportunité d’intégration économique pour les pays de la CEDEAO.

Par Moussa Diop et Saad Aouidy
Le 15/11/2019 à 14h21, mis à jour le 16/11/2019 à 17h03