Rabat. Voici les enjeux du second Forum Nigeria-Maroc

DR

Le 12/11/2019 à 13h46, mis à jour le 12/11/2019 à 13h59

La seconde édition du Forum d’affaire Nigeria-Maroc aura lieu dans deux jours, le jeudi 14 novembre. Cette rencontre, prévue dans la capitale du Maroc, est d'une importance majeure pour l’avenir des relations politiques et économiques entre les deux pays. En voici les principaux enjeux.

Organisée par l’Ambassade du Nigeria au Maroc, cette seconde édition du Forum d’Affaires Nigeria-Maroc verra la présence, dans la capitale du Royaume, de plusieurs ministres et chefs d’entreprises des deux pays. Au menu, des conférences et des discussions visant à approfondir les relations bilatérales, tant aux niveaux politique qu'économique.

Placé sous le haut patronage du président nigérian Muhammadu Buhari, cette manifestation se donne pour principal objectif de faire connaître deux secteurs phares de l’économie nigériane, actuellement en pleine expansion, à savoir l’énergie et l’agriculture.

Pour ce faire, le Nigeria s'apprêt à envoyer une importante délégation dirigée par Geoffrey Onyeama, ministre des Affaires étrangères et Alhadi Sabo Nanono, ministre de l’Agriculture et du développement rural.

Du côté des opérateurs du secteur privé nigérians, la délégation nigériane sera conduite par Mele Kolo Kyari, directeur exécutif de la Nigerian national petroleum corporation (NNPC), et Thomas Ethu, président de l’Association des producteurs et distributeurs d’engrais du Nigeria (Fepsan).

Côté marocain, de nombreux ministres et des opérateurs économiques de premier plan sont attendus, dont les présidents de plusieurs fédérations de la Confédération Générale des entreprises du Maroc (CGEM -le patronat marocain) et des mmebres de l'Association marocaine des exportateurs, l'ASMEX.

A travers cette rencontre, les deux pays, qui constituent des moteurs économiques majeurs du continent africain, souhaitent que le secteur privé prenne le relais de la dynamique des relations entre les deux pays, impulsées par le roi Mohammed VI du Maroc et le président Muhammadu Buhari du Nigeria.

Au cours de ce second forum d'affaires de Rabat, les opérateurs marocains prendront donc connaissance de la politique menée par le Nigeria, ainsi que des mesures incitatives mises en place par le pays, afin d'attirer les investisseurs étrangers.

Lors de la séance inaugurale, deux séances plénières permettront aux opérateurs marocains d’avoir une idée précise sur les opportunités offertes dans l'agriculture et l'agro-industrie nigérianes. d’une part, et, d'autre part, dans le domaine de l'énergie et des mines. Ces deux secteurs-clés recèlent en effet, au NIgéria, de grandes potentialités de développement et peuvent offrir d'immenses opportunités aux opérateurs marocains, dotés d'une certaine expérience et d'une expertise dans ces domaines.

En effet, outre le modèle réussi du Plan Maroc Vert et de l’expérience marocaine dans ls domaines agricoles et agro-industriels, le royaume est à même de mettre en avant son expertise reconnue dans le domaine de l’énergie, notamment en matière d’électrification, où il figure parmi les rares pays du continent à afficher un taux d’électrification de 100%, alors que le géant nigérian, pays le plus peuplé du continent avec plus de 212 millions d'habitants, compte aujourd'hui un taux d’électrification aux alentours de 40%.

Les opérateurs marocains des deux secteurs pourront donc, au cours de ce second forum d'affaires, explorer avec leurs homologues nigérians, plusieurs fomes de partenariats qui permettront de dynamiser les échanges entre les deux pays.

Cette rencontre de Rabat permettra également de partager avec les participants les récentes expériences au Nigeria d'entreprises et institutions marocaines, dont celles de l'Office chérifien des phosphates (l'OCP), l’Office national des hydroarbures du Maroc (ONHYM), ainsi que celles d'institutions bancaires du Maroc. 

De même, cette rencontre sera aussi l’occasion d’échanger sur les opportunités qui s’offrent aux PME marocaines dans ce pays aux potentiels importants.

Au delà des échanges et des opportunités d’investissements, ce forum sera aussi l’occasion de débattre et dévaluer les grands projets en devenir dont particulièrement celui structurant du gazoduc Nigeria-Maroc de près de 400 kilomètres qui longera les côtes d’une dizaine de pays ouest-africains et qui permettra l’acheminement des ressources gazières découvertes en Afrique de l’ouest (Nigeria, Ghana, Sénégal et Mauritanie) et contribuer à l’accélération de l’électrification de cette région africaine.

Il sera aussi question du suivi d’autres projets dont la construction par OCP Africa de deux unités d’engrais au Nigeria pour stimuler la production locale d’engrais à base d’ammoniac dont le Nigeria dispose en volume importants.

De même, les deux pays comptent aussi développer leurs synergies dans les domaines de l’automobile. Le Nigeria, bien qu’étant l’un des précurseurs dans le montage automobile en Afrique avec plus de 150 000 unités produites au milieu des années quatre-vingt, a accusé un retard considérable au cours de ces dernières décennies.

Les unités de montage du pays produisent actuellement à peine 40.000 unités par an, alors que le Royaume devrait dépasser la barre des 500 000 unités cette année avec un taux d’intégration dépassant les 50%. Le pays est inondé de véhicules d’occasions venant d’Asie et d’Europe que les autorités souhaitent désormais limités.

Le modèle marocain reposant sur la mise en place d’écosystèmes automobiles autour des constructeurs mondiaux (Renault et PSA) peut constituer un exemple à répliquer par le Nigeria, tout en favorisant les échanges et les investissements entre les unités déjà implantées au Maroc et ceux à créer au Nigeria.

Le Nigeria, devenu une destination des constructeurs automobiles mondiaux, notamment nippons et européens, a l’avantage de disposer d’un marché intérieur important qui, malheureusement est approvisionné actuellement en quasi totalité par le marché de l’occasion automobile.

A ce niveau aussi, l’exemple marocain qui a permis au royaume de passer d’un marché d’occasion à celui d’un marché du neuf où l’occasion n’est plus que du résiduel peut aussi servir d’exemple au géant africain qui souhaitent développer une véritable industrie automobile.

En outre, cette rencontre sera l’occasion pour les deux parties de discuter les modalités d’intensifier les liaisons aériennes entre les deux pays avec l’objectif d’arriver à mettre en place un réseau de 20 liaisons aériennes entre les deux pays en 2020 pour stimuler davantage les échanges entre les deux pays qui sont en deçà des potentialités réelles des deux économies respectives.

Par ailleurs, ce forum sera aussi l’occasion de débattre de l’intégration africaine dans le cadre de la Zleca, de la CEDEAO et du processus d’adhésion du Maroc à cette organisation sous régionale dont le Nigeria représente à lui seul 70% du PIB, du développement de l’agriculture africaine face aux nombreux défis (changement climatique, démographie, etc.), de l’énergie, etc.

Le Nigeria, première puissance économique du continent, compte une population estimée à 200 millions de consommateurs. C’est le premier producteur de pétrole d’Afrique. Le secteur pétrolier pèse 15% du PIB du pays et génère 70% des recettes de l’Etat et plus de 77% des exportations du pays.

Le pays regorge aussi d’importantes potentialités dans le secteur agricole qui peuvent constituer des sources d’opportunités pour les investisseurs marocains. L’agriculture emploie près de 60% de la main d’œuvre et génère plus de 26% du PIB du pays.

Par Moussa Diop
Le 12/11/2019 à 13h46, mis à jour le 12/11/2019 à 13h59