Afrique: voici les principaux bénéficiaires des investissements directs étrangers en 2020

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Le 25/01/2021 à 13h40, mis à jour le 26/01/2021 à 16h05

Les flux d’investissements directs étrangers à destination du continent africain ont baissé de 18%, selon Global investment trends monitor de la Cnuced. Une baisse qui s’explique grandement par les effets de la pandémie du Covid-19. Voici les principaux bénéficiaires africains de ces flux.

La pandémie du Covid-19 a fortement impacté le flux des investissements directs étrangers (IDE) en 2020. C’est ce qui ressort du 38e Global investment trends monitor de la Cnuced -Conférence des Nations-unis sur le commerce et le développement- sur les Investissements directs étrangers (IDE).

Les IDE dans le monde ont chuté de 42% pour s’établir à 859 milliards de dollars en 2020, comparativement à 2019. Une situation qui s’explique par les effets de la pandémie du Covid-19 qui a réduit très fortement les flux des investissements dans le monde dans le sillage du ralentissement de l’économie mondiale à cause des confinements et de la fermeture des frontières des pays limitant les échanges internationaux.

Une situation qui a poussé les investisseurs étrangers, échaudés par la crise, à repousser les investissements jugés non prioritaires à cause d’un manque de visibilité sur les conséquences et la durabilité de la crise. D’autres acteurs ont accusé des pertes énormes les poussant à revoir leurs plans de développement dans le monde, et donc leurs investissements étrangers.

Et ce sont tous les types d’investissements qui sont touchés par les effets de la pandémie du Covid-19 en 2020. Au niveau du continent africain, les flux d’IDE ont mieux résisté en affichant une baisse de -18% (-42% au niveau mondial) baissant de 46 milliards de dollars en 2019 à 38 milliards de dollars en 2020.

En Afrique, les projets d’investissement en greenfield, opération via laquelle une multinationale établit des opérations dans un pays étranger, ont chuté en 2020, par rapport à l’année précédente, de -63% pour s’établir à 28 milliards de dollars.

Les effets de la crise sanitaire ont été amplifiés par la chute de la demande mondiale de matières premières et la baisse des prix de ces produits de base pour lesquels les multinationales investissent grandement en Afrique.

Quant aux financements et développement de projets internationaux (chemin de fer, barrages, ports, centrales électriques, routes, etc.), ils ont baissé de -40% en Afrique. Faisant face aux conséquences de la crise sur leurs ressources financières, les investisseurs ont globalement préféré retarder leurs projets d’investissement le temps d’avoir plus de visibilité.

Seulement, ces deux types d’investissement sont cruciaux pour accroître les capacités de production et le développement des infrastructures en Afrique. Ils sont aussi importants dans le cadre des perspectives de reprise durable des économies africaines affectées par les effets de la pandémie du Covod-19.

Par région, les flux d’IDE à destination de l’Afrique du Nord ont chuté de 32% à 9,4 milliards de dollars. C’est l’Egypte qui se hisse au sommet africain et de la région malgré des IDE en baisse de 39% à 5,5 milliards de dollars. Elle a concentré à elle seule 58,51% des flux d’IDE à destination de la région Afrique du Nord grâce notamment aux investissements dans le secteur de l’exploitation gazière, de l’énergie et des transports.

Au Maroc, les IDE sont restés robustes à 1,6 milliard de dollars. Le pays bénéficie des investissements dans divers secteurs d’activités dont l’automobile, l’aéronautique, le textile et les services.

En Afrique subsaharienne, les IDE ont baissé de 11% à 28 milliards de dollars. Les flux à destination du Nigeria ont baissé de -21,21% à 2,6 milliards de dollars à cause de la chute des cours du baril de pétrole qui avait frôlé les 20 dollars en avril 2020 et aux mesures de restrictions sanitaires qui ont impacté les investissements. Le principal projet d’investissement étranger a concerné l’acquisition d’une participation de China communications Construction Co Ltd dans Lekki port enterprise Ltd, en charge de la construction du port en eau profonde de Lekki.

En Afrique du Sud, le flux des IDE a chuté de -45,65% à 2,5 milliards de dollars dont l’acquisition du sud-africain Pioneer Foods par le géant PepsiCo pour un montant de 1,8 milliard de dollar.

Quant au Mozambique, le flux des IDE a baissé légèrement de 6% à 2 milliards de dollars. Les investissements dans ce pays sont soutenus uniquement par Mozambique Liquified natural Gas (Mozambique LNG), un projet gazier majeur piloté par le groupe français Total et nécessitant un investissement global de 20 milliards de dollars. 

En Ethiopie, les investissements ont baissé de 17% à 2,1 milliards de dollars. Les principaux secteurs bénéficiaires des investissements sont l’industrie manufacturière, l’agriculture et le tourisme. Le pays bénéficie d’importants investissements chinois.

Enfin, le grand bénéficiaire des IDE en 2020 a été le Sénégal avec un flux en hausse de 39% à 1,5 milliard de dollars grâce aux investissements dans le secteur de l’énergie avec les investissements concernant les champs de gaz et de pétrole et les cessions d’actifs entre opérateurs du secteur.

Du côté des perspectives, en dépit d’une légère reprise de l’économie mondiale, les flux ne devraient pas connaître une hausse en ce début d’année. En effet, la crise devrait persister durant le premier semestre de l’année en cours et il faudra que les campagnes de vaccination contre le Covid-19 avancent favorablement dans le monde pour espérer une reprise rapide des flux d’IDE. 

Par Moussa Diop
Le 25/01/2021 à 13h40, mis à jour le 26/01/2021 à 16h05