Performances des bourses africaines: le Caire et Casablanca au top

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Le 08/01/2017 à 16h54, mis à jour le 08/01/2017 à 17h34

Les places boursières du Caire et de Casablanca ont fait preuve de solidité avec des indices boursiers en forte progression. D’autres places ont été affectées par des conjonctures difficiles. Aperçu sur les comportements des indices boursiers des principales Bourses du continent.

Repli de la croissance, baisse des cours du baril de pétrole, rareté des devises, pertes de confiances des investisseurs locaux, départs d’investisseurs étrangers en faveur d’autres places financières jugées plus attrayantes en dehors du continent et insécurité grandissante dans de nombreux pays africains... ont sérieusement affecté les comportements des indices boursiers de nombreuses places financières africaines. Toutefois, l’attractivité de certaines places financières, après plusieurs années de repli, et les perspectives de croissance économique ont aussi permis à d’autres places d’afficher d’excellentes performances boursières.

En gros, les Bourses africaines ont connu en 2016 des fortunes diverses, que retrace cet aperçu des performances des indices boursiers des principales places boursières du continent.

Egypte: le EGX 30 Index du Caire explose avec 76,20% de hausse

C’est ce qu’on pourrait qualifier de paradoxe de la place boursière du Caire, la plus ancienne du continent africain. En effet, l’économie égyptienne, engluée dans une crise économique et financière aiguë à cause notamment de la situation politique, l’insécurité liée au terrorisme et des tensions sociales, qui ont particulièrement affecté le secteur stratégique du tourisme, se trouve aujourd’hui dans une situation difficile avec des réserves de change à leur plus bas niveau. 

En dépit de ce tableau économique sombre, la place du Caire se porte à merveille si on se fie aux performances qu'elle a réalisées. A fin décembre 2016, 6.007.837 transactions ont été enregistrées. Cet engouement des investisseurs a permis à l’indice boursier de la place du Caire, l’EGX 30 index, qui représente les 30 plus grandes entreprises de la place, de passer de 7.006,01 points à 12.344,89 points, soit une hausse exceptionnelle de 76,20%. Pour rappel, à la veille de la révolution de 2011, la place du Caire plafonnait autour des 7.200 points.

Egypte: rapprochement entre la bourse du Caire et celle de Bahrein

Cette performance exceptionnelle est tirée par les valeurs immobilières, les banques, les entreprises financières non bancaires et la construction qui constituent des valeurs de refuge dans un environnement économique encore difficile.

La place cairote poursuit ainsi son rallye boursier déconnecté de la réalité économique du pays, entamé depuis la destitution de Morsi en juillet 2013.

Maroc: la Bourse de Casablanca renoue avec la forte hausse et un gain de 30,46% pour le MASI

Après une contreperformance de 7,22% à 8.925,71 points (-7,49% à 7.255,21 points pour l’indice des valeurs phares du marché, le MADEX) en 2015, l’indice de la Bourse de valeur de Casablanca a affiché une performance exceptionnelle de 30,46% à 11.644,22 points. Une performance tirée surtout par les grosses capitalisations de la place.

La capitalisation boursière de la place s’est établie à 583 milliards de dirhams (54,7 milliards d’euros), en hausse de 130,06 milliards de dirhams grâce à la hausse des cours, sachant qu’une seule introduction en Bourse a été enregistrée avec l’arrivée de Marsa Maroc au niveau de la corbeille casablancaise.

Une dynamique qui semble s’expliquer par la baisse de l’aversion des investisseurs, les performances financières des sociétés cotées et l’afflux de liquidité vers le marché boursier. Autant de facteurs qui ont permis d’enregistrer 188.685 transactions pour 332.568.289 titres échangés au cours de l’année écoulée. Le volume de ces transactions s’est établi au niveau du marché à 72,73 milliards de dirhams.

Après plusieurs années de léthargie, certains pensent que cette forte hausse de l’indice du marché augure de bonnes perspectives de croissance, sachant que la baisse des cours de ces dernières a contribué à rendre le marché plus attractif auprès des investisseurs aussi bien locaux qu’étrangers.

Bourse de Johannesburg: une légère amélioration de 2,6%

La plus grande place boursière africaine a résisté, pour finir l’année avec une performance positive de 2,6% à 50.652 points. Avec plus de 430 entreprises cotées, la plus grosse capitalisation boursière du continent et la place la plus diversifiée doit sa performance aux valeurs des industries extractives, particulièrement celle de l’or.

La capitalisation de la place de Johannesburg a dépassé les 16.427 milliards de rands, soit environ 1.196,43 milliards de dollars.

Nigeria Stock Exchange (NSE) cède 3,07%

Après avoir perdu environ 17% en 2015, le NSE all-share index, le principal indice de la Bourse de Lagos, a aussi décroché en 2016 de -3,07% à 26.874,62 points. Les investisseurs de la place de Lagos ont enregistré des moins-values évaluées à 604 milliards de nairas à cause de la récession économique due à l’évolution défavorable des cours du pétrole, principale ressource du pays, et de l’impact de l’insécurité à cause de la secte Boko Haram et des rebelles du Delta. Ainsi, la place de Lagos et ses 180 entreprises cotées s’est délestée de 6,17% de sa capitalisation boursière pour ressortir à fin décembre à 9.246 trillons de nairas, soit 30,41 milliards de dollars (actuellement 1 dollars étant égal à 304 nairas). En dollars, la capitalisation a fortement chuté, à cause de la dévaluation du naira.

Le NSE ne pouvait échapper à la crise profonde que traverse le Nigeria et qui affecte son économie, son régime de change suite à une forte dévaluation de sa monnaie, ses réserves en devises, etc. Autant de facteurs, en plus de l’insécurité, qui ont accentué les incertitudes. Pour donner un nouveau souffle à la place, le NSE compte lancer à partir de cette année un marché de produits dérivés, initialement prévu en 2016.

La BRVM ambitionne d'intégrer le top 3 des bourses africaines

BVRM: un recul de -3,87% du BRVM Composite

La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), qui avait enregistré la meilleure performance des places africaines en 2015 grâce à une croissance de son indice BVRM Composite qui a progressé de 17,77% en variation annuelle, n’a pas réédité sa performance cette année. L’indice des valeurs cotées de la place a enregistré un net recul de 3,87% à 292,17 points, par rapport à son niveau de 2015.

Les transactions au niveau de la place ont franchi la barre symbolique des 400 milliards de FCFA, à 409 milliards de F CFA, en hausse de 21,84%. Le nombre de transactions a augmenté de 27,92% pour atteindre 74.866 opérations pour un volume de 194,8 millions de titres échangés. Ce niveau de transactions s’explique en partie par l’effet des nouvelles introductions en Bourse et l’amélioration de la profondeur du marché.

Pourtant, la place a enregistré 4 nouvelles recrues de valeur, dont la SIB, filiale du groupe Attijariwafa bank. Ce changement de périmètre a permis de rehausser la capitalisation boursière de la place de 2,75% à 7.706,27 milliards de FCFA.

La BRVM compte, à fin décembre 2016, 43 entreprises cotées, contre 39 à la même période de l’année dernière. Elle a intégré le 14 novembre dernier le club select des 6 Bourses africaines de l’indice international «MSCI Frontier Market index», devenant ainsi plus visible sur les radars des investisseurs étrangers.

Tunisie: les investisseurs étrangers quittent la Bourse au mauvais moment

On note aussi que la place de Tunis a terminé l’année avec une performance du Tunindex de 8,85% à 5.488,77 points, alors que le SEMDEX de Maurice, le NSE ASI du Kenya et le BSE DCI du Botswana ont enregistré des replis respectifs de -0,23% à 1.808,37 points, -8,48% à 133,34 points et -11,33% à 9.400,71 points.

Par Moussa Diop
Le 08/01/2017 à 16h54, mis à jour le 08/01/2017 à 17h34