Après Abidjan, Bamako, Douala et Dakar, le Club Afrique Développement du groupe Attijariwafa bank a fait «escale» à Casablanca. Il y a réuni des membres du Club venant de plusieurs pays (Sénégal, Mauritanie, Congo, Mali, Cameroun, Côte d’Ivoire, etc.) dans le cadre d’une mission multisectoriel. Plusieurs rencontres BtoB ont été organisées à ce titre entre opérateurs économiques de différents pays présents.
Des rencontres qui viennent s’ajouter à celles qu’organisent annuellement le groupe Attijariwafa bank annuellement à Casablanca et qui ont réunis en 5 ans 7.000 opérateurs économiques pour 17.000 rendez-vous d’affaires.
Cette rencontre multisectorielle a également été l’occasion de se pencher sur un problème majeur au développement des économies africaines, le financement des projets.
Pour débattre du sujet, le Club Afrique Développement du Groupe Attijariwafa bank a organisé une conférence autour du thème: «Quels leviers de financement de projets en Afrique?». Des panelistes ont décortiqué la problématique du financement des projets au niveau du continent, notamment les projets d’infrastructures.
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En effet, malgré les engagements des banques privées, investisseurs, banques de développement, fonds d’investissement et autres institutions de financement, le financement demeure un des obstacles au développement de l’Afrique. Il faut dire que les défis auxquels fait face le continent sont nombreux. Pour Youssef Rouissi, Directeur général adjoint de la Banque de financement & d’investissement du groupe Attijariwafa bank, ces défis peuvent être regroupés en 3 grands ensembles: énergétique, alimentaire et urbanistique.
Au niveau énergétique, seulement 20% des Africains au sud du Sahara ont accès à l’électricité et actuellement 60% des ressources énergétiques du continent sont importées pour une facture annuelle de près de 46 milliards de dollars.
Ensuite, il y a le défi alimentaire. Si le continent dispose de 65% des réserves de terres arables non cultivées du monde, il n’en demeure pas moins qu’il importe actuellement l’équivalent de 35 milliards de dollars en aliments. Une facture qui pourrait doubler avec l’évolution démographique, l’urbanisation et les changements d’habitude alimentaire.
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Enfin, l’autre défi majeur est l’urbanisation avec 472 millions d’Africains vivants dans les villes, un chiffre qui devrait doubler à l’horizon 2040 et qui pose des défis d’accès à l’eau, santé, éducation, assainissement, etc.
Pour faire face à ces défis, le continent africain doit mobiliser 200 milliards de dollars par an selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA) pour financer les projets, notamment au niveau des infrastructures. Or, l’Afrique peine à drainer les ressources nécessaires pour assurer sa transformation en drainant moins de 100 milliards de dollars par an.
Face à cette situation, il faut que le continent mobilise des ressources financières longues, multiplie les partenariats public-privé et développe ses marchés de capitaux pour drainer davantage de capitaux.
C’est dans ce cadre que s’inscrit la mission de Casablanca finance city (CFC). Pour Lamia Merzouki, DGA de Finances de CFC, la place s’est fixée comme objectif de drainer des capitaux étrangers et les orienter au reste du continent. En attendant que la place prenne son envol, elles assurent que 75% des investissements marocains en Afrique proviennent des entreprises ayant le statut CFC et qui sont au nombre de 130 actuellement.
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Toutefois, elle relève deux obstacles majeurs: l’environnement des affaires qui reste à améliorer dans de nombreux pays et la forte fragmentation du continent qui doit pousser vers plus d’intégration.
Pour sa part, Koffi Kiousseh, Directeur de Développement des projets d’Africa50 a expliqué que pour soutenir la réalisation de projets d’infrastructures en Afrique, le fonds Africa50 apporte des financements aux projets initiés par le continent dans divers domaines notamment dans le domaine de l’énergie. Elle réalise actuellement ses premiers investissements sur le continent. Toutefois, pour lui, le problème ne relève pas surtout du financement mais de projets biens ficelés à même d’intéresser les investisseurs.
Pour sa part, Beckers Koenroad d’Albatros Energy, souligne qu’ave les faiblesses des financements publics, le privé revient au cœur du financement des infrastructures en Afrique. Ainsi, «les Partenariats public-privé (PPP) sont une nécessité pour financer le gap en infrastructure au niveau du continent».
Toutefois, comme l’explique Younès Addou, Vice-président Finance d’OCP AFrica, les Etats doivent être les garants des cadres juridiques, règlementaires et fiscales afin de pouvoir attirer les investisseurs étrangers dans le financement des infrastructures.
Pour Badr Benyoussef, Directeur du développement à la Bourse de Casablanca, le problème est aussi celui de formation et de vulgarisation des instruments de financement existant au niveau du continent.
En outre, face au déficit, beaucoup pensent à la nécessité de développement de projets transnationaux pour réaliser de grands projets d’infrastructures, cas de centrales électrique, barrages, etc. Toutefois, pour Koffi Kiousseh, intéressants soient-ils, «ces projets sont difficiles à monter». Au niveau des infrastructures énergétiques, Beckers explique que pour qu’un projet transnational soit intéressant il faut «que l’investissement dépasse les capacités d’un seul pays et présente des intérêts mutuels pour tous les pays concernés».
Le cas le plus abouti en matière de projets transnationaux reste à l’heure actuelle celui de l’OMVS –Organisation de la mise en valeur du fleuve Sénégal qui regroupe le Sénégal, la Mauritanie, le Mali et la Guinée, des pays qui ont mis en place et exploite le barrage hydroélectrique de Manantali qui alimente en électricité les pays de la sous-région.
Enfin, signalons que la 6e étape de la mission multisectorielle du Club Afrique Développement se déroulera le 13 décembre prochain à Libreville, au Gabon.