3e édition du Women Working For Change (WFC): les enseignements du Covid-19 en Afrique

Women Working For Change, lors d'une précédente édition.

Women Working For Change, lors d'une précédente édition. . DR

Le 25/11/2020 à 08h55, mis à jour le 26/11/2020 à 13h31

La 3e édition du Women Working For Change a réuni le mardi 24 novembre de grandes dirigeantes africaines pour échanger autour du thème: «Penser demain, changer aujourd’hui». Plusieurs sujets ont été débattus dont «Le monde d’après: quels secteurs d’activité sortiront gagnants?».

La 3è édition du Summit s’est tenue ce mardi 24 novembre. Et compte tenu de la pandémie du coronavirus, le Women Working For Change (WFC) s’est déroulé cette année sous forme digitalisée avec de nouveaux formats interactifs.

D’emblée, les organisateurs ont rappelé que cette édition intervient dans un contexte particulier, marqué par la pandémie du Covid-19 qui fait que le continent africain connaîtra cette année, pour la première fois depuis 25 ans, une récession économique qui se traduira par la destruction de près de 50 millions d’emplois, tous secteurs confondus.

Toutefois, cette crise ne doit pas obérer la forte résilience du continent face à la pandémie et ses conséquences sur le plan économique, et ce grâce notamment à son secteur privé de plus en plus innovant et dynamique, sa jeunesse de plus en plus connectée et ses femmes qui jouent un rôle de plus en plus grandissant dans le domaine économique.

Du coup, les intervenants du panel «Le monde d’après: quels secteurs d’activité sortiront gagnants?» ont unanimement souligné que les secteurs gagnants et perdants à court terme à cause des bouleversements actuels sont bien identifiés.

Toutefois, ces secteurs ne sont pas affectés de la même manière. Certains ont été durement touchés par la pandémie du Covid-19. Et les plus grands perdants dans ce cas sont le transport aérien, l’hôtellerie, le tourisme, l’évènementiel, etc. Ainsi, selon Sérgio Pimenta, vice-président Afrique et Moyen Orient IFC, le transport et tourisme figurent parmi les secteurs les plus touchés par la pandémie avec à la clé 2 millions d’emplois perdus à cause notamment de la fermeture des frontières des pays et des confinements visant à stopper la progression de la pandémie du Covid-19. De même, le secteur du commerce a connu également des pertes importantes.

Toutefois, d’autres secteurs ont su tirer leur épingle de la situation, dont particulièrement celui des Nouvelles technologies de l’information (NTI) grâce notamment à l’enseignement à distance, au télé-travail et surtout à l’explosion du commerce électronique. Conséquence, les demandes de services TIC ont augmenté fortement durant la pandémie.

Le secteur financier également a su afficher une grande résilience face à la crise. Selon Laureen Kouassi-Olson, directrice non-exécutive à Orange Abidjan Participations & Fidelity Bank Ghana Limited, «le secteur financier africain n’a pas été très impacté par le Covid-19» et ce grâce à une conjonction de facteurs dont le soutien des banques centrales africaines, leur capacité d’adaptation à la réglementation, le recours des gouvernements au secteur bancaire pour soutenir les économies et surtout la révolution technologique a été gagnante pour les banques qui se sont toutes digitalisées à fond. En tout cas, ayant bien résisté, les banques sont appelées à jouer un rôle important dans les processus de relance économique. Elle souligne aussi que «certains Etats ont été proactifs en trouvant des solutions à certains problèmes dont ceux de la liquidité, au financement des entreprises, notamment des PME, etc.».

Pour sa part, Rim Bennani, membre du Cabinet du PDG du Groupe OCP, explique aussi que «le secteur agricole en général a été gagnant», expliquant que «c’est le secteur prioritaire pour tous les gouvernements du fait qu’il fallait soutenir la chaine d’approvisionnement». Cela explique d’ailleurs que durant cette pandémie, on a enregistré des production records pour ce qui est du riz, blé, maïs, etc. 

Elle souligne toutefois que toute la chaîne de valeur agricole n’a pas tiré profit du fait que certains agriculteurs ont été confrontés à des problèmes pour trouver des travailleurs saisonniers et pour vendre leurs produits aux hôteliers et restaurateurs.

Pour sa part, Ngozi Edozien, directrice générale et fondatrice InVivi Partners, directrice non exécutive StanbicIBTC Holdings et Diageo Nigeria, a expliqué qu’avec la crise, les entreprises ont su davantage comment évaluer leurs risques, gérer les interactions avec les dirigeants et les changements, etc. Pour elle, cette crise a montré que «l’adversité est toujours le moteur du changement».

Reste que pour les intervenants, si, sur le court terme, les gagnants et les perdants sont identifiés, à moyen et long termes rien n’est encore clair. Mais une chose est sûre, «les perdants et les gagnants de cette pandémie dépendent des capacités des secteurs et des entreprises à s’adapter au développement technologique», fait remarquer Laureen Kouassi-Olson. 

Pour Ngozi Edozien, les économies africaines sont rentrées en récession et le Covid-19 a mis à nu les insuffisances en termes d’éducation, de la santé, de la sécurité alimentaire, etc. De même, la crise sanitaire a aussi et surtout montré la nécessité à ce que «les pays africains deviennent moins dépendants de l’extérieur».

Partant, l’une des premières prises de consciences des dirigeants africains devrait être la priorisation de la production locale. Celle-ci est d’autant plus nécessaire qu’il faudrait relancer la production et la croissance pour créer des emplois au profit des jeunes, sachant que la moyenne d’âge au niveau du continent est de 30 ans.

Pour y arriver, Rim Bennani explique que «l’heure est au changement que ce soit pour les entreprises, les gouvernements ou les citoyens». Tout en soulignant que l’avenir se trouve en Afrique, elle avance que le continent doit changer de modèle de développement avec un rôle plus accru au profit des femmes qui ont pris progressivement une importance économique jamais connue auparavant. Leur rôle, dans la réponse qu’apportera le continent à l’après crise, sera décisif.

Enfin, rappelons que The Summit, dont le groupe OCP est partenaire, est devenu un événement incontournable des femmes leaders africaines, dirigeantes d’entreprises, membres de comité exécutif ou de conseil d’administration, associées, dirigeantes d’institutions financières ou d’agences publiques, etc.

Par Moussa Diop
Le 25/11/2020 à 08h55, mis à jour le 26/11/2020 à 13h31