L'Afrique est en quête d’intégration, conformément aux idées développées par les pères fondateurs du panafricanisme et aux aspirations des peuples du continent.
C’est d'ailleurs dans cet objectif que s’inscrit la dynamique régionale visant à traduire dans la réalité le nouveau concept politique et économique de la Zone de Libre Echange Continentale (ZLECA).
Dans ce contexte, l’Afrique reste pourtant confrontée au triste spectacle des rafles et des expulsions massives, pires que toutes celles que vivent nos émigrés dans d’autres parties du monde.
Ces pratiques, sur notre continent, sont attentatoires aux principes les plus élémentaires des droits humains, et les victimes, hélas, sont toujours d’autres Africains, poussés comme des hordes indésirables sur des routes, et dont le parcours ressemble à un véritable chemin de croix.
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Devant ce spectacle, l’Union Africaine (UA) reste étrangement silencieuse, au nom du sacro-saint principe de non-ingérence.
Une triste actualité dont la manifestation la plus récente est venue d’Angola, pays d’Afrique Centrale, avec les vagues d'expulsions massives, depuis début octobre 2018, de plus de 400.000 ressortissants de la République Démocratique du Congo (RDC).
Luanda présente cette décision comme «une opération contre l’immigration clandestine dans la province de Lunda Norte» alors que Kinshasa menace de son côté de saisir les instances internationales pour le traitement d’une affaire qui a toutes les dimensions d’une crise diplomatique et humanitaire.
Décrivant la situation des expulsés, les organisations humanitaires internationales affirment que «les victimes ont été forcées de fuir. Elles sont traumatisées et démunies, ont désespérément et de toute urgence, besoin d’aide: eau potable, nourriture, pour pouvoir rentrer chez elles en sécurité».
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Les expulsions les plus massives ont certes concerné des communautés venues de la RDC. Mais des ressortissants d’autres pays africains ont été également touchés par cette mesure prise par l'Angola.
Et ce nouvel épisode, début novembre dernier: la presse locale a annoncé que «des dizaines de Mauritaniens [ont été] expulsés d’Angola vers Nouakchott».
Cette opération s’inscrit «dans le cadre de la mise en œuvre de mesures convenues entre les autorités de Luanda et le représentant de la colonie mauritanienne dans ce pays. Il s’agit de citoyens mauritaniens ne disposant pas de carte de séjour» précise le site d’informations en ligne «Alaraby».
Mis devant le fait accompli, Nouakchott a entrepris des démarches sur le plan diplomatique, pour venir au secours de la communauté mauritanienne. Ainsi, samedi 24 novembre dernier, un communiqué du ministère mauritanien des affaires étrangères a annoncé que le chef de la diplomatie mauritanienne, Ismaël ould Cheikh Ahmed, s'est entretenu au téléphone avec son homologue angolais, Manuel Domingo Augusto.
Objet de cet appel: «la situation des Mauritaniens en République d’Angola à la lumière des récents développements survenus dans ce pays, dans l’espoir que cette communauté retiendra l’attention des autorités angolaises, à l’image des relations solides qui unissent les deux pays frères» peut-on ainsi lire sur le communiqué du gouvernement mauritanien.
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Le chef de la diplomatie angolaise, de son côté, «a exprimé l’estime et le respect du peuple angolais envers la communauté mauritanienne et loué son rôle économique en Angola. Manuel Domingo Augusto a mis en avant le caractère pacifique de la communauté mauritanienne, qui n’a jamais été la cible d’aucune des mesures mises en œuvre pour lutter contre le crime organisé dans les zones d’exploration de diamants, et qui ont touché des résidents illégaux. Il a aussi affirmé l’engagement et la détermination du gouvernement angolais, à prendre toutes les mesures pour garantir la sécurité de la communauté mauritanienne».
Mais aux antipodes de ce langage éminemment diplomatique, des principes élémentaires des droits humains ont été bafoués, et ces faits sont attribués à l’Angola, selon le Conseil Supérieur des Maliens de la Diaspora (CSMD), qui, le 26 octobre dernier, a dénoncé avec véhémence l’expulsion «de 65 compatriotes, des tortures et d’autres traitements inhumains et dégradants».
Le chemin à parcourir vers une UA permettant la libre-circulation de tous les Africains, dotés d'un passeport commun, semble décidément encore bien long...