Le séisme diplomatique de grande amplitude né de la crise entre l’Arabie saoudite et ses alliés du Golfe d’une part, et le Qatar de l’autre, continue à faire des dégâts collatéraux en Afrique de l’Ouest.
Très radicale, Nouakchott a accusé le Qatar de financer le terrorisme, décidant dans la foulée, de rompre les relations diplomatiques en signe de représailles. Dans une moindre mesure, Dakar a décidé de rappeler son ambassadeur au Qatar «pour consultations» laissant un conseiller gérer les affaires courantes.
Conséquences de ce coup de semonce au niveau bilatéral, Doha a décidé de «punir» Nouakchott et Dakar, dont les ressortissants seront désormais privés de visas d’entrée dans le territoire de cet émirat du Golfe, devenu depuis plusieurs années une destination privilégiée du business mondial.
Lire aussi : Crise du Golfe: ces pays africains qui ont osé prendre position
Cette réponse du berger à la bergère devrait être fortement ressentie du côté de Nouakchott, par quelques milieux d’affaires, mais aussi surtout au niveau de l’hôpital de Boutilimit (150 kilomètres à l’Est de Nouakchott) entièrement financé par l’émirat, et qui assure également «le service après-vente» grâce à un mécénat continu.
D’où le point de vue d’un célèbre opposant, rappelant les principes basics d’une diplomatie responsable «au lieu de jeter de l’huile sur le feu (...), nous devrions promouvoir l’apaisement. A défaut, il ne faut s’aligner sur personne pour garder sa marge de liberté et aider plus tard à la réconciliation. Ceux qui poussent à la rupture et à la confrontation en subiront fatalement les conséquences. Nous sommes un Etat souverain et non une entité mercenaire».
Le problème dans le milieu des affaires sera surtout ressenti du côté de Dakar, du fait d’une grande activité des opérateurs sénégalais prenant constamment la direction de Doha.
Lire aussi : Mauritanie. Crise du Golfe: un député pour la "vente" d'une partie du pays à l'Algérie
Par ailleurs, le Sénégal et le Qatar entretenaient jusque-là d’excellentes relations. Ces bons rapports ont été à la base d’une gestion secrète de l’affaire Karim Wade, le fils de l’ex-président Abdoulaye Wade, ex-tout puissant "ministre du ciel et de la terre", condamné à 6 ans de prison pour «enrichissement illicite» et libéré après avoir purgé plus de la moitié de sa peine, à la faveur d’une grâce présidentielle, et désormais en «exil» doré chez ses amis du Qatar.
Un «règlement» que certaines langues «bien pendues» de Dakar ont qualifié de «deal» ou protocole de Doha, en souvenir d’un autre «arrangement» entre le président Abdoulaye Wade et son ancien Premier ministre, Idrissa Seck.
Dans l'Océan indien également, les Comores qui ont aussi choisi de rompre leurs relations diplomatiques avec Doha subissent les représailles du Qatar. Ce dernier a sommé les diplomates en poste à plier bagages illico presto. Mais Moroni n'ayant pas acheté à ses diplomates leurs billets de retour, ces derniers se sont rendus hâtivement à Koweït City en bus. De même, la Fondation Qatar présente aux Comores dans beaucoup de projets humanitaires interrompt toutes ses opérations. Les entreprises qataries dans la pêche et les eaux minérales sont dans l'attente d'instructions quant à la marche à suivre. C'est dire qu'en tout état de cause, les conséquences sont relativement lourdes.