Lors d'un discours prononcé mercredi, le président mauritanien a expliqué a quel point que la pandémie de Covid-19 avait lourdement affecté l’économie du pays.
Cette pandémie «a occasionné de graves préjudices à tous les niveaux, national et international, engendré de nouvelles réalités économiques et sociales complexes et porteuses de graves dangers. Elle a eu des conséquences négatives sur notre économie nationale, entraînant un recul de notre Produit intérieur brut (PIB), ainsi qu’une réduction drastique de nos recettes fiscales et un accroissement de nos dépenses, ce qui a aggravé le déficit budgétaire», a affirmé le chef de l’Etat mauritanien.
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«En outre, cette pandémie a révélé les faiblesses structurelles de notre système économique. Cette situation met en évidence tout l’intérêt d’un renforcement du rôle de l’Etat dans la régulation de l’économie, l’orientation de l’investissement, le développement du secteur productif et la mise en œuvre d’une action soutenue en faveur de la réalisation du plus grand niveau possible d’autosuffisance alimentaire», a ajouté Mohamed Cheikh El Ghazouani.
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Pour faire face à «cette dépression pandémique», termes utilisés par le rapport de la Banque mondiale paru en juin dernier, Mohamed Cheikh El Ghazouani a annoncé une enveloppe de 240 milliards d’anciennes ouguiyas (soit environ 712 millions de dollars) à mobiliser sur fonds propres, pour relancer l’économie nationale.
Le nouveau programme «sera exécuté de façon autonome sur une période de 30 mois. Il vise à réaliser les conditions nécessaires pour la relance d’une économie dynamique, contribuant davantage à la politique de création d’emplois et à l’exploitation judicieuse de nos ressources naturelles dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche».
Ce nouveau programme repose sur 5 axes: «renforcement des infrastructures d’appui au développement, renforcement de la capacité des secteurs sociaux et d’appui à la demande, promotion de l’appui aux secteurs productifs, renforcement du secteur privé formel et informel, et, enfin, lutte contre la désertification, la sécheresse et appui à l’emploi».
Ce programme est orienté vers un accroissement de l’investissement public dans les domaines prioritaires susceptibles de permettre un changement structurel pour une économie extravertie et souffrant de nombreux maux.
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Suivant les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), le repli du Produit intérieur brut (PIB) en Mauritanie pourrait frôler les 3% en 2020.
La loi de finances de l’année en cours fixe le budget de l’Etat à 60,33 milliards de la nouvelle ouguiya, soit 1,7 milliard de dollars.
Ce chiffre donne une idée de l’importance du fonds annoncé pour la relance de l’économie, dans la mesure où sa mobilisation se fera «sans préjudice par rapport au déroulement des projets et programmes en cours d’exécution dans différents domaines», selon le chef de l’Etat.
Du coup, de nombreuses questions se posent. Comment mobiliser tant de ressources propres, sans emprunt extérieur dans un contexte de profonde déprime marqué par «une réduction drastique des recettes fiscales et douanières»? Dans quelles réserves l’administration Ghazouani va-t-elle trouver une telle somme?