«La Mauritanie réunit actuellement tous les ingrédients d’une catastrophe au plan politique, économique et communautaire», dixit Ely Ould Mohamed Vall, ancien chef de l’Etat sous la transition, à la tête du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie (CMJD) et surtout ancien patron de la sureté nationale mauritanienne pendant presque deux décennies sous le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Il a exprimé ses craintes au cours d’un entretien avec la chaîne de télévision panafricaine «Africa 24» dans le cadre de l'émission «Talk show».
Ely Ould Mohamed Vall explique l’origine de cette situation par «une rébellion» qui s’est produite le 06 août 2008 et dont l’auteur, l’actuel président Mohamed ould Abdelaziz, tient en otage tout le pays depuis cette date, créant une véritable situation de déstabilisation des institutions de la République.
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Il parle ainsi du putsch militaire qui a porté au pouvoir le président Mohamed Ould Abdel. Cet épisode a été suivi d’une élection présidentielle le 18 juillet 2009 qui a permis de légitimer le pouvoir du général.
Poursuivant son argumentaire, Ely ould Mohamed Vall explique qu’«au moment de la rébellion du 06 août 2008, le pays était peu endetté, la Société nationale industrielle minière (SNIM) fournissait plus de 30% des ressources budgétaires, un euro valait 321 ouguiyas, le secteur de la pêche se trouvait dans une bonne situation et les investisseurs se bousculaient aux portillons». Car, faut-il le rappeler, au milieu des années 2000, la Mauritanie a bénéficié de l’initiative d’effacement de la dette en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE).
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Ely ould Mohamed Vall soutient qu’actuellement «la dette du pays s’élève à 5 milliards de dollars US, avec un service de la dette 200 millions de dollars. La SNIM est entrain de mettre la clef sous la porte». Pour lui, cette détérioration de la situation économique est «imputable à la rébellion de 2008, responsable d’une gestion chaotique et déréglementée», alors que la Mauritanie, avec une «population de moins de 4 millions d’habitants regorge de richesses naturelles : minerai de fer, or, cuivre, pétrole, en plus des ressources halieutiques et du potentiel agricole», explique t-il.
En plus des problèmes politiques et économiques évoqués par l’ancien chef de la transition, présenté comme «le père de la démocratie» dans le pays, les débats sur la question de l’esclavage et la cohabitation entre les différentes communautés composant la Mauritanie continuent à accentuer les divisions entre les Mauritaniens et menacent l’unité nationale.