Juste après son entretien du 23 février avec la chaîne France24, le président mauritanien a subitement disparu des sunlights, qu’il aime tant, pendant une dizaine de jours. Il ne réapparaîtra que le lundi 6 mars. Où était-il pendant tout ce temps, alors que le pays était à la veille d’une révision constitutionnelle et traverse actuellement de graves dissensions politico-sociales?
Certains médias proches du pouvoir laissaient entendre que Ould Abdel Aziz s'était rendu dans le nord du pays pour prolonger de quelques jours ses dernières vacances. On se rappelle que c’est durant ce break hivernal en plein désert que le président avait reçu, le 28 décembre dernier, une visite éclair d’Abdelilah Benkirane, porteur d’un message du roi Mohammed VI, suite aux déclarations controversées de Hamid Chabat sur la Mauritanie.
Finalement, de nouvelles vacances, il n’y en avait point, puisque cette virée non annoncée dans le désert était en réalité trop chargée, d’autant plus que le moment n’était pas favorable au farniente.
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Grâce donc à un recoupement avec la chaude actualité aux frontières septentrionales (avec le Maroc et l’Algérie) et orientales (avec le Mali), puis des indiscrétions qui ont filtré, certains médias ont découvert que Ould Abdel Aziz était plutôt allé sonner la mobilisation de ses troupes. Il s’agissait surtout de prévenir toute incursion aussi bien des séparatistes du Polisario que des membres des groupes armés du Mali en territoire mauritanien.
Selon le site Zahrat Chinguetti, Ould Abdel Aziz, qui était accompagné du général Mohamed Ghazouani, chef d’Etat-major général des armées, et de plusieurs autres officiers a tenu de nombreuses réunions avec les chefs des unités mauritaniennes visitées en plein désert.
Tantôt à bord d’un tout-terrain, tantôt d’un hélicoptère, Ould Abdel Aziz aurait fait escale en plusieurs points de l’interminable frontière mauritano-malienne, qui vient d’être le théâtre d’un chassé-croisé entre certains présumés terroristes et les armées malienne et française du dispositif «Barkhane». Les autorités maliennes et mauritaniennes se sont engagées, après la visite d’un émissaire malien à Nouakchott, à prendre toutes les mesures qui s’imposent pour éviter la répétition de tels actes.
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Ould Abdel Aziz et les militaires qui l’accompagnaient sont ensuite remontés vers le nord-ouest, soit au point d’intersection de la frontière mauritano-maroco-algérienne où une autre unité mobile de l’armée mauritanienne veille à ce que les éléments du Polisario n’utilisent pas le territoire mauritanien comme raccourci pour descendre vers les zones situées au-delà du mur de défense marocain.
Il a ensuite bouclé son périple frontalier en rendant visite aux unités opérant non loin du no man’s land de Guerguerate, à la frontière maroco-mauritanienne. Dans cette zone démilitarisée, des éléments du Polisario ont récemment fait incursion de façon ostentatoire, avant de s’en prendre à des camionneurs marocains surtout, mais aussi mauritaniens et d’autres nationalités transitant depuis des lustres par cet axe commercial qui relie le Maroc, la Mauritanie et l’Afrique subsaharienne.
Aziz semble être remonté contre les dernières actions du Polisario qui ont perturbé ce point névralgique pour la Mauritanie, et par où passe l’essentiel de ses produits de consommation, en fruits et légumes notamment.
La preuve? Alors que ses émissaires étaient jusqu'à présent reçus au palais ocre de Nouakchott avec plus ou moins d’égards, le Polisario a vu son dernier envoyé, porteur d’un «message écrit» de son chef, pratiquement ignoré par Ould Abdel Aziz. Jeudi dernier, il a été reçu pendant moins de deux minutes, sans la présence d’aucun média, ce qui a incité l’Agence mauritanienne d’information (officielle) à sortir un marronnier sur le sujet datant du mois d’août dernier.
Tawary, un autre site mauritanien, qui a voulu analyser la contradiction de cette visite avec le nouvel élan attendu au niveau des relations maroco-mauritaniennes, a préféré laisser l’attaque de sa «fausse» analyse et effacer le reste de l’article après avoir appris que l’émissaire du Polisario avait été quasiment éconduit par Ould Aziz.