Le 4e anniversaire du Manifeste pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratine a été célébré samedi par une procession qui a réuni plusieurs milliers de personnes, de toutes les communautés mauritaniennes, à Nouakchott.
Celle-ci est partie de la mosquée marocaine pour suivre un itinéraire passant par le carrefour de la polyclinique, le plus grand marché de la capitale, l’immeuble BMCI, l’état-major général des armées, le Palais de justice, pour finir par un meeting sur la place Ben Abass.
Les marcheurs ont dénoncé «l’exclusion des Haratines et réclamé la justice, l’équité et un traitement égal pour tous les Mauritaniens par un Etat qui rassemble, et non qui divise».
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Samory Ould Beye, secrétaire général de la Centrale libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM), une des plus importantes du pays, Yaye N'Daw Coulibaly, sénatrice de Tawassoul, un parti de l’opposition d’obédience islamiste, et Mohamed Vall Ould Messaoud, ancien gouverneur ont expliqué le sens profond de la célébration de l’An 4 de cet événement dont l’objectif est de montrer que les Mauritaniens, toutes communautés confondues, «sont unis contre l’injustice et les inégalités».
Dans une allocution de clôture de la marche, Boubacar Ould Messaoud, figure historique du mouvement Haratine, président du Manifeste et leader de SOS Esclaves, est revenu sur les aspects historiques de la question et la situation actuelle, parlant d’une composante «qui a souffert par le passé de la pire de toutes les injustices, l’esclavage, qui réduit ses membres à n’être qu’une simple propriété dont on dispose à volonté, que l’on achète et que l’on vend comme une marchandise, en instrumentalisant la sainte religion islamique, alors que celle-ci prône la justice, l’égalité et l’équité».
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Le leader de SOS Esclaves a par la suite rappelé que tous les régimes politiques qui se sont succédés en Mauritanie depuis l’indépendance ont échoué dans la prise en charge de la question «Haratine» et que la situation actuelle se caractérise par une production judiciaire et juridique abondante, mais avec des lois «destinées à la consommation extérieure».
Ainsi «l’esclavage continue. Ses victimes n’obtiennent ni justice, ni prise en charge, ni aide. La réforme foncière se transforme en moyen d’expropriation des terres dont ils sont les propriétaires et les habitants qui les valorisent. Par ailleurs, des milliers de Haratines sont privés d’accès à l’état civil et continuent à se rassembler durant des mois devant les centres d’enrôlement», a-t-il expliqué.
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Pour donner un visage au drame de leur communauté, les cadres du Manifeste des Haratines avancent quelques chiffres suivant lesquels «80% des chômeurs, 85% des analphabètes et 95% des individus sans terres agricoles» sont issus de cette composante.
Les principaux dirigeants du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) ont participé à cette marche.
Enfin, il faut noter qu’une tendance dirigée par Mohamed Vall Ould Handaya, un transfuge du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) qui a fini par rejoindre le pouvoir, a organisé une marche parallèle, le même jour. Une manière de diviser la force haratine et de donner à cette cause la regrettable image d’un nouveau fonds de commerce.