Le référendum constitutionnel organisé le 5 août dernier, sur la base de l’article 38 de la loi fondamentale, une disposition controversée, avec pour conséquences la suppression du Sénat, la création de conseils régionaux, la modification du drapeau (etc.), mais aussi plusieurs non-dits, cristallise et amplifie la contestation contre le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz.
C’est dans cet élan général qu’il faut ranger la naissance la semaine dernière, d’un nouveau mouvement au sein de la diaspora. Evénement qui a échappé à la presse et aux analystes politiques.
Il s’agit d’une entité dénommée «Congrès national pour exiger le changement (CNEC)». Elle est dirigée par Ahmed Ould Mohamed Vadel, un haut cadre mauritanien vivant à Londres et très peu connu des milieux politiques nationaux.
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Parmi les fondateurs de cette organisation figure également un certain Saad Ould Hamady, responsable de la communication et «déjà très actif sur les réseaux sociaux», selon le site d’informations en ligne «Rmibiladi».
Dans une déclaration diffusée mardi soir, le CNEC affirme «répondre à l’appel de la Nation vent debout, pour combattre l’oppression et le despotisme et s’opposer aux tentatives du général Mohamed Ould Abdel Aziz de tuer la démocratie mauritanienne dans le berceau».
Côté objectifs, ce mouvement d’opposition de la diaspora entend «protéger la Constitution, œuvrer à l’instauration d’une démocratie soucieuse des droits humains et respectueuse du principe de l’alternance, rompre définitivement avec le cycle infernal des coups d’Etat, bannir l’arbitraire et les politiques de développement hasardeuses, œuvrer à la tenue urgente d’une conférence nationale à laquelle participeront tous les segments de l’opposition au régime afin de constituer un large front contre l’attentat à la démocratie et enfin, dénoncer tous les crimes et scandales économiques du régime» en place à Nouakchott.
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Rapportée au contexte politique post référendum, la déclaration de naissance du CNEC met en lumière les gros nuages qui pèsent sur le principe de l’alternance en Mauritanie, en dépit de sa protection par des dispositions constitutionnelles érigées en clauses d’éternité et gravées dans le marbre.
En fait, la crainte de nombreux Mauritaniens est désormais de voir tout le dispositif constitutionnel voler en éclat à partir d’un usage abusif de l’article 38, qui ne devrait servir que dans le cadre d’un référendum législatif, selon l’avis de nombreux spécialistes du droit constitutionnel.
Par ailleurs, avec la disparition du Sénat, le pouvoir exécutif n’aurait même plus besoin de recourir à cette disposition «clandestine», selon la formule d’un spécialiste, dans la mesure il disposera d’une Assemblée nationale totalement aux ordres.