L’Aïd el-Kebir, Tabaski, avait marqué une trêve dans le traitement de l’affaire Mohamed Ould Ghadda-Mohamed Ould Bouamatou. Mais la bataille politico-judiciaire, à travers laquelle des hommes issus du landerneau politique et du milieu des affaires font l’objet de poursuites pour "présomptions de corruption", devrait reprendre dès mardi.
Au petit matin de vendredi 1er septembre, le pôle des 3 juges d’instruction a suivi le réquisitoire introductif du Parquet en plaçant en détention provisoire, l’ex-sénateur Mohamed Ould Ghadda et le sous-officier Mohamed Ould Mohamed M’Bareck .
Ils ont aussi lancé des mandats d’arrêt internationaux contre le richissime banquier Mohamed Ould Bouamatou en exil au Maroc et un de ses plus proches collaborateurs, Mohamed Ould Debagh.
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Mais les magistrats instructeurs se sont également souvenus du bon vieux principe de l’indépendance du juge, en refusant de suivre le procureur de la République près le tribunal de Nouakchott.
En effet, ce magistrat du siège sollicitait une mesure similaire à l’encontre de l’ex-sénatrice et grande diva de la musique mauritanienne Maalouma Mint El Meidah et de Mohamed Mustapha Ould Mohamed Ahmed, ancien sénateur du département de Maghta Lahjar.
Toutefois, ces individus ont été laissés en liberté sous contrôle judiciaire. Une décision contre laquelle le Parquet a fait appel.
Ainsi, la chambre d’accusation de la Cour d’appel devrait-elle statuer sur ces deux cas mardi, premier jour ouvrable après la grande fête musulmane de Tabaski.
Toutefois, au sujet de l’appel du Parquet, des informations contradictoires circulent à Nouakchott, notamment des allégations remettant en cause l’existence de l’appel du procureur exigeant le placement en détention provisoire de Maalouma et Ould Mohamed Ahmed.
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Au-delà des appréciations de droit, ce bras de fer politico-judiciaire provoque des torrents de commentaires et des interrogations à Nouakchott.
De son exil marocain, qui dure depuis plus de 6 ans, Mohamed Ould Bouamatou, soutien de la première heure du régime Aziz, conserve-t-il encore une réelle capacité de nuisance? Ou bien le pouvoir de Nouakchott voudrait-il simplement anéantir la portée du vote des sénateurs du 17 avril 2017 par des présomptions d’achat de consciences dans le cadre d’une bataille politique visant à discréditer la fronde de Ghadda et ses compagnons?
Il appartient désormais à la justice de faire toute la lumière sur cela.