Le président Mohamed Ould Abdel Aziz devient officiellement un militant "de base" de l’Union pour la république (UPR), principal parti de la majorité présidentielle.
Constitutionnellement interdit de la direction de la formation de par sa charge de président de la République, Ould Abdelaziz l'a intégrée avec armes et bagages en qualité de membre de l'UPR au cours de la nuit du mercredi 28 mars courant.
Le cadre de cet événement a été le lancement de la compagne d’adhésion à l’UPR, officiellement effectué dans les locaux de la permanence du comité national des femmes du parti située à Tevragh-Zeina (un quartier résidentiel de Nouakchott) en présence des hauts fonctionnaires de l'Etat et d’une immense foule.
Cette campagne a pour objectif «de renouveler et d’activer les instances les organes» du parti.
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Ce parti a été créé en 2009, suite au coup d’Etat du 6 août 2008, qualifié de «mouvement de la rectification» avec l’objectif de soutenir l’élection du général Mohamed Ould Abdel Aziz, à la présidentielle organisée le 18 juillet de la même année.
Les hauts responsables du parti affirment avoir «mobilisé tous les moyens humains, logistiques et techniques nécessaires au succès de l’opération».
L’image frappante de la soirée, qui aura été un moment d’intense communication politique, est celle d’un Mohamed Ould Abdel Aziz inscrivant son nom sur un grand registre servant de répertoire sur lequel sont appelés à figurer les noms de tous les militants qui adhèrent au parti.
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Egalement présente pendant la cérémonie, la première dame, Mariam mint Ahmed Tekber, a sacrifié au même rituel de haute symbolique politique, en s’inscrivant aussi comme militante de l’UPR.
Depuis quelques semaines, dans le cadre des préparatifs du lancement de cette opération, les responsables de l’UPR sont accusés de collecter les pièces d’identité des citoyens par diverses formes et moyens, y compris «le chantage et la corruption» pour en faire des militants.
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Ce qui provoque une indignation générale dans les rangs de l’opposition, à l’image de cette déclaration du Mouvement pour la refondation (MPR), fustigeant «la nature machiavélique d’un pouvoir frappé par l’incompétence et l’absence de volonté politique de résoudre les problèmes existentiels auxquels sont confrontés quotidiennement les Mauritaniens, et créant une situation d’agitation malsaine dans le pays» par la pratique «du ramassage des cartes de citoyens à Nouakchott et à l’intérieur» pour forcer leurs détenteurs à militer dans les rangs d’un parti dont le projet est aux antipodes de leurs aspirations.
Enfin, rappelons que cette campagne d’adhésion à l’UPR intervient à l’orée d’un agenda électoral chargé, avec des législatives, des régionales et municipales en 2018, et une présidentielle à laquelle ne devrait pas prendre part l’actuel chef de l’Etat, en 2019.