Mauritanie: déclaration polémique d'un érudit sur le troisième mandat

Mohamed ould Abdel Aziz, président de la Mauritanie.

Mohamed ould Abdel Aziz, président de la Mauritanie. . DR

Le 10/05/2018 à 13h18, mis à jour le 10/05/2018 à 13h19

Le président de l'Association des oulémas de Mauritanie, Hamden Ould Tah, plaide en faveur d'un troisième mandat du président Mohamed Ould Abdel Aziz. Cette déclaration alimente la polémique à Nouakchott et discrédite les chefs religieux.

La Mauritanie file tout droit vers une élection présidentielle prévue au milieu de l’année 2019, et à laquelle Mohamed Ould Abdel Aziz, actuel locataire du palais brun, ne devrait pas pouvoir postuler en vertu du principe constitutionnel de la limitation des mandats.

Mais au-delà de ce contexte juridique, on entend régulièrement des voix, parmi les soutiens du chef de l’Etat, demander à l’homme de rester aux commandes en vue «de poursuivre son œuvre».

S'inscrivant dans cette tendance, l’érudit Hamden Ould Tah, président de l’Association des oulémas de Mauritanie (AOM), vient de jeter un énorme pavé dans la mare avec une déclaration potentiellement polémique.

Ainsi, après une rencontre avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz, qui s’est déroulée mercredi 9 mai courant, le patron de l’Association des oulémas de Mauritanie, cité par la presse locale du jeudi 10 mai, déclare: «j’ai demandé au chef de l’Etat de poursuivre la marche pour compléter ce qu’il a commencé au profit du peuple mauritanien».

Expliquant le sens de cette audience avec le chef de l'Etat, le président de l’Association des oulémas a indiqué qu'il s'agissait «d’une rencontre annuelle au cours de laquelle nous évaluons les réalisations» et au cours de laquelle «nous l’avons remercié pour l’excellent travail accompli au profit du pays».

L’érudit Hamden Ould Tah appréciait sur le même ton les actions et les progrès réalisés sous le règne du président Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, renversé en 2005 par une junte militaire au sein de laquelle l’actuel chef de l’Etat faisait figure de cheville ouvrière, notent de nombreux observateurs.

Cette sortie suscite des réactions de désapprobation au sein de l’opposition, à l’image de la déclaration sur les réseaux sociaux de Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP).

Ce spécialiste du droit interpelle les religieux en ces termes «que pensent nos oulémas de celui qui inciterait son prochain à commettre un parjure, en violant un double serment prêté sur le coran? Un troisième mandat qui n’aura jamais lieu vaut-il la peine d’un tel discrédit devant toute la communauté musulmane».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 10/05/2018 à 13h18, mis à jour le 10/05/2018 à 13h19