Mauritanie: perquisition au domicile de l'homme d'affaires Bouamatou

Mohamed ould Bouamatou, homme d'affaires et opposant politique.

Mohamed ould Bouamatou, homme d'affaires et opposant politique. . DR

Le 15/05/2018 à 14h10, mis à jour le 15/05/2018 à 14h12

La police mauritanienne a mené lundi 14 mai une perquisition au domicile du banquier et homme d'affaires Mohamed ould Bouamatou, en exil à l'étranger. Selon le site "Mauriweb", elle aussi a interpellé l'épouse de Mohamed ould Debagh, l'homme de confiance de Bouamatou.

La guerre entre le pouvoir de Nouakchott et le célèbre banquier mauritanien, devenu opposant en exil, Mohamed ould Bouamatou, s’intensifie.

Dernière séquence en date, la perquisition menée lundi après-midi, selon le site "Mauriweb" jugé proche de l'opposition et de l'homme d'affaires, au domicile du fondateur de la Générale de banque de Mauritanie (GBM), exilé pendant longtemps au Maroc avant de se réfugier il y a quelques mois en Europe, et sous le coup d’un mandat d’arrêt international depuis le 1er septembre 2017.

Parallèlement à cette perquisition domiciliaire, les policiers ont également procédé à l’arrestation de l’épouse de Mohamed ould Debagh, principal collaborateur de Bouamatou, lui aussi réfugié à l’étranger et sous le coup d’un mandat d’arrêt international. Commentant la perquisition de ce lundi, le site «Mauriweb» explique que «si les deux hommes sont connus comme des opposants au régime en place, l’épouse de Mohamed ould Debagh est plutôt une femme au foyer tranquille». Pour le média, ce nouvel épisode marque la volonté du pouvoir «de mettre la pression sur son mari en exil».

Pour rappel, Mohamed Bouamatou et Mohamed ould Debagh sont poursuivis par la justice mauritanienne pour présomption de corruption au même titre que 12 ex-sénateurs parmi lesquels un seul, Mohamed ould Ghaddah, est détenu à titre préventif, les 11 autres étant placés sous le régime de contrôle judiciaire. Une mesure qui frappe aussi deux dirigeants syndicalistes et 3 hommes de médias.

Cette affaire politico-judiciaire, avec en toile de fond un différend entre le président Mohamed ould Abdel Aziz et son cousin et homme d'affaires Mohamed ould Bouamatou, apparaît comme un des dégâts collatéraux d’une procédure de révision constitutionnelle rejetée en mars 2017 par le Sénat mauritanien. Cette réforme constitutionnelle a été adoptée par la suite, via un référendum controversé et boycotté par l'opposition.

La «guerre» Aziz-Boumatou est menée à coups de plaintes, car parallèlement à la procédure initiée par la justice mauritanienne, les «alliés» du fondateur de la Générale de banque de Mauritanie (GBM) «traquent» les membres du camp présidentiel en France, à l’image des actions engagées par l’ONG «Sherpa» contre des personnalités proches du pouvoir de Nouakchott. 

Mohamed ould Bouamatou est issu du même ensemble tribal que le président Mohamed ould Abdel Aziz, auquel il a apporté un précieux soutien à l’occasion l’élection présidentielle du 18 juillet 2009. 

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 15/05/2018 à 14h10, mis à jour le 15/05/2018 à 14h12