L’opposition mauritanienne est en colère après les perquisitions au bureau de Mohamed ould Bouamatou, banquier réfugié hors du pays depuis plusieurs années, et au domicile de Mohamed Debagh, un proche collaborateur du fondateur de la Générale de banque de Mauritanie (GBM). D'autant que celles-ci ont été suivies par l’interpellation de leurs proches, lundi après-midi.
C’est notamment le cas du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), un collectif composé de partis politiques, d'organisations de la société civile, de centrales syndicales et de personnalités indépendantes, qui «condamne avec énergie, ces descentes de la police politique aux domiciles de Bouamatou et Debagh», ainsi que «l’interpellation des membres de leurs familles».
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Par ailleurs, le FNDU «exige la libération du sénateur Mohamed ould Ghadda et l’arrêt immédiat des poursuites arbitraires contre les hommes d’affaires opposants, les sénateurs, les journalistes et les syndicalistes».
Bouamatou et Debagh sont sous le coup d’un mandat d’arrêt international dans le cadre d’une information pour présomption de corruption, impliquant douze ex-sénateurs, dont un détenu à titre préventif, Mohamed ould Ghadda, et onze sous contrôle judiciaire. La même mesure vise également des syndicalistes et journalistes.
Livrant une lecture politique de ces derniers développements, le collectif de l’opposition mauritanienne parle «d’actes inconsidérés qui révèlent les signaux de panique d’un système au crépuscule d’un règne marqué par la corruption, la gabegie, le népotisme, l’appauvrissement des populations, la répression, le mépris de la Constitution et des institutions, l’abandon du monde rural devant la sécheresse qui décime le bétail et affame les hommes, la montée des prix, une pression fiscale exorbitante et le chômage des jeunes».
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Le FNDU attribue cette panique «à la montée en puissance des forces de l’opposition intérieure attestée par l’ampleur et l’enthousiasme de la marche organisée le dimanche 13 mai dernier dans les artères de Nouakchott, les succès médiatiques et diplomatiques de l’opposition, et la fragilité d’un système au pouvoir, qui étale désormais au grand jour ses dissensions et querelles intestines engendrées par le renouvellement des structures de son parti, l'Union pour la république (UPR), principale formation de la majorité».
Une situation face à laquelle «le pouvoir tente d’endiguer la volonté de changement de l’écrasante majorité du peuple par l’intimidation policière».
Action vouée à l’échec du fait de la détermination d’un peuple qui a décidé de tourner la page dans une perspective de construction d’une Mauritanie «démocratique, unie et prospère».