Le président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, a réitéré sa détermination à respecter les dispositions de la constitution et son serment, jeudi 20 septembre, à la faveur d’une sortie médiatique très attendue, intervenant moins d’une semaine après la proclamation des résultats du deuxième tour des élections législatives, régionales et locales de septembre 2018.
Ces consultations donnent une large victoire à l’Union pour la république (UPR) et ses alliés de la majorité, qui disposent de 120 députés à l’Assemblée nationale sur un total de 157 élus, alors que quatre postes réservés à la diaspora restent à pourvoir.
Lors de cette rencontre, le chef de l’Etat mauritanien a répété qu’il n’entend pas modifier la constitution pour un troisième mandat, et donc ne sera pas candidat à l’élection présidentielle de 2019.
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Cependant, a-t-il ajouté, «je n’accepterais pas de laisser le champ libre et une autoroute vers le pouvoir à ceux qui ont pillé les ressources et déstabilisé la Mauritanie. J’ai dit à plusieurs reprises que je ne vais pas tripatouiller la constitution. Mais je ferais en sorte que notre œuvre soit préservée afin que la Mauritanie puisse se développer dans la stabilité et la sécurité».
A la lumière des dispositions constitutionnelles, une telle déclaration ne devrait susciter aucun débat. En effet, avant de rentrer en fonctions, le président de Mauritanie prononce ce passage «je jure par Allah l’unique de ne point prendre ni soutenir, directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relatives à la durée du mandat du président de la République et au régime de son renouvellement prévus aux articles 26 et 28 de la présente constitution», dispose l’article 29 de la constitution du 20 juillet 1991, modifiée par voie référendaire en juin 2006.
Mais au-delà de tous ces éléments de droit, le flou persiste encore dans l’esprit de nombreux observateurs, et les Mauritaniens continuent à se poser des questions.
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Ces interrogations portent sur les motivations d’un chef d’Etat en fin de règne, qui s’engage résolument dans une campagne électorale pour des législatives, faisant le tour de toutes les régions, en vue de disposer «d’une majorité écrasante» au moment ou certains de ses partisans lui demandent de rester au pouvoir.
D’où des réactions mitigées au sein de l’opposition, à l’image de cet ancien haut responsable qui note «des variations, et même quelques contradictions flagrantes, entre le discours en français, et les propos en langue nationale».
Pour sa part, Lô Gourmo, vice-président de l’Union des forces de progrès (UFP), ne semble point dérangé par la nouvelle majorité écrasante: «Le président Mohamed ould Abdel Aziz espérait faire des élections un plébiscite pour son plan A. Malgré la fraude, les résultats réels lui imposent un plan B», estime cet homme politique, spécialiste du droit.