Une défaite de Mohamed Cheikh Mohamed Ahmed Ghazouani à l’élection présidentielle du 22 juin 2019 plongerait la Mauritanie dans une aventure à hauts risques.
Ces propos attribués au président Mohamed ould Abdel par la presse locale, à l’occasion d’un «Ftour» (rupture du jeûne) offert aux élus de la majorité suscitent un concert de réactions.
Signalons que six candidatures ont été validées par le Conseil constitutionnel pour le scrutin du 22 juin 2019. Toutefois, le président Mohamed ould Abdel Aziz n’a pas fourni plus de détails par rapport à la nature des dangers qui risquent de s’abattre sur le pays en cas de défaite de son compagnon le 22 juin (ou le 6 juillet 2019 - soit la date prévue pour un éventuel second tour).
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On peut toutefois rappeler que l’histoire politique de la Mauritanie, depuis 1978, est hantée par les putschs militaires et autres révolutions de palais qui dirigent le pays sous la forme d’un régime d’exception ou une démocratie autoritaire sous la houlette d’un officier recyclé dans la politique.
Ghazouani, compagnon du président Mohamed ould Abdel Aziz depuis une quarantaine d’années (ils ont organisé ensemble deux coups d’Etats en 2005 et 2008), ancien chef d’état-major général des armées (CEMGA) et ex-ministre de la Défense, est le candidat du président sortant, de la majorité présidentielle et même de l’armée, souffle-t-on, dans les coulisses.
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Ainsi, adversaires politiques et observateurs réagissent suivant leur sensibilité. Lô Gourmo, vice-président de l’Union des Forces de Progrès (UFP/opposition), estime «qu’on aurait tort de n’accorder qu’une oreille distraite à la déclaration du président sortant menaçant le pays de chaos, au cas ou son candidat ne serait pas élu. Le chef de l’Etat en exercice n’ayant pas précisé la nature de la "menace" et la signification du "chaos" dont s’est fait échos la presse, on peut évidemment imaginer le pire».
En définitive, l’opposant note que comme à l’accoutumée «le président en a trop dit sans avoir rien dit. Mais la vraie menace ne serait-elle pas la perpétuation de ce système qui tient clairement en otage notre pays et dont il faut se débarrasser avant qu’il nous entraîne précisément dans le chaos annoncé?», s'interroge t-il.
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Partant, il appelle les Mauritaniens à saisir l’occasion historique du scrutin présidentiel du 22 juin 2019 pour rompre définitivement avec «le système militaro-gabegique» qui dirige le pays depuis plus de 40 ans.
Quant à Moussa ould Hamed, analyste politique, ancien directeur général de l’Agence Mauritanienne d’Information (AMI), organe du gouvernement, il constate avec désolation que «le chaos est déjà là. Tous les voyants sont au rouge: une crise politique non résolue depuis le putsch de 2008, une grave crise économique avec une dette quasiment égale au PIB du pays, des grèves dans tous les secteurs: santé, éducation, dockers en colère…». Bref, pour cet analyste de la vie politique mauritanienne, «la Mauritanie a besoin d’un véritable changement».
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C’est dans ce même contexte qu’intervient une sortie médiatique inédite de Mohamed Saleck ould Heyine, ancien Administrateur/directeur général de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM), la plus importante entreprise publique du pays), pendant une vingtaine d’années sous le règne de Maaouya ould Sid’Ahmed Taya. Cet ingénieur, cité dans l’éditorial de l’hebdomadaire «Le Calame» de cette semaine, évoque la situation économique du pays et de l’entreprise minière pour dénoncer «le gâchis, les mauvais choix, les investissements inopportuns, l’absence totale de vision et l’incohérence érigée en modèle de gouvernance que le pays subit depuis une décennie».
Une réalité qu'il argumente par «des centrales tournant à vide, des lignes de haute tension reliant des villes autosuffisantes en énergie, l'usine de sucre de Foum Gleita qui a englouti des milliards sans produire le moindre kilogramme, celle du lait de Néma ajoutée à la longue liste des éléphants blancs, l’usine d’assemblage d’avions sans le moindre début d’exécution, malgré les milliards partis en fumée, jusqu’à l’usine des Guelbs 2 (minerai de fer) qui a couté plus d’un milliard de dollars et produit moins du quart de ses objectifs initiaux». Le constat est sans appel.