Sur les réseaux sociaux, les Mauritaniens se déchainent contre l’ancien président mauritanien, Mohamed ould Abdel Aziz, qui a dirigé le pays pendant 11 ans, après un putsch et deux mandats successifs.
Ould Abdel Aziz a ensuite de céder le fauteuil présidentiel à son ami de longue date, le général à la retraite Mohamed Cheikh Ahmed Ghazouani, élu président dès le premier tour du scrutin le 22 juin dernier, et qui dirige désormais le pays depuis le 1er août dernier.
Etant donné les relations privilégiées entre les deux hommes, tous le monde se demande si le nouveau pouvoir peut passer à pertes et profits certaines pratiques de l'ancien régime, qui pourraient avoir des conséquences graves sur la gestion économique du pays pendant de longues années encore?
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Ainsi, près de 3 semaines après le départ de l'ancien président Mohamed ould Abdel Aziz et sa famille pour la Turquie, à travers une opération qui a pris les allures d’un véritable déménagement, car ayant nécessité la location d’un avion de la compagnie aérienne nationale Mauritanie Airlines International (MAI) pour la coquette somme de 75 millions d’ouguiyas anciennes, les réseaux sociaux se déchainent désormais contre l’ex-locataire du Palais Brun.
La première salve a été envoyée par le Pr Lô Gourmo Abdoul, vice-président de l’Union des Forces du Progrès (UFP-opposition), qui évoque les dernières semaines de ce mandat de l'ex-président comme ayant été marquées par «des nominations par dizaines, toutes aussi manifestement complaisantes les unes que les autres, des licences de pêche par brassées entières [accordées] à des amis et parents, des terrains bien placés distribués à tour de bras, aux mêmes, des mesures administratives et financières clairement hors budget et hors de tous projets par centaines, par milliers...».
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Dans la suite de son réquisitoire sous forme de rouleau compresseur, ce professeur de droit, par ailleurs également avocat de profession, critique «les derniers actes à la veille d’une investiture de son remplaçant, qui auront, jusqu’au bout, porté la marque d’un personnage que rien ne limite dans sa lute contre "la gabegie". Le pays est en état de sidération devant un tel mépris de la loi, une telle violence dans l’insulte à notre peuple. Ne peut exiger que lumière soit faite, surtout c’est cautionner cette merde qui englue le pays. Soit nous sommes un Etat digne, et nous exigeons le respect de tous et de tout le monde. Soit nous ne le sommes pas, et mutiques, nous poursuivons notre descente aux enfers».
Mohamed Mahmoud El Maouloud, président de l’Union des Forces du Progrès (UFP), soutient la même revendication: «soit le nouveau président remet en cause toutes les mesures prises clairement hors la loi, au moment ou le président sortant devait s’abstenir de les prendre. Soit les citoyens se constituent partie civile pour porter le combat devant les juridictions compétentes».
Ce haut cadre estime que cette affaire n’est pas politique et que les Mauritaniens ne doivent se déterminer pour la circonstance sur la base d’une appartenance à la majorité ou à l’opposition.
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Pour sa part, Bakary Seta Waiga, également issu des rangs de l'UFP, écrit: «il est légitiment de se demander si le peuple de Mauritanie sait réellement ce qu’il veut. La descente aux enfers semble être un choix collectif» dans le pays.
Un internaute mauritanien estime que «le nouveau président peut et doit revenir sur tous ces actes», tout s’interrogeant sur «la volonté et le courage», de l’occupant du nouveau Palais de la République.
Un autre internaute s'indigne quant à lui contre le «mépris absolu vis-à-vis d'un peuple considéré comme des moutons».
Lors de son premier mandat, dans un entretien accordé à l'hebdomadaire parisien Jeune Afrique, l’ancien chef de l’Etat mauritanien avait affirmé contrôler étroitement tous les actes posés dans le cadre de la gouvernance et que rien ne pouvait se faire en dehors de ses ordres. En clair, il assume la totalité de ses actes,...