Mauritanie.Enquête parlementaire: l'ancien Premier ministre Laghdaf enfonce l'ex-président Ould Abdel Aziz

L'ancien Premier ministre mauritanien Moulaye Mohamed Laghdaf.

L'ancien Premier ministre mauritanien Moulaye Mohamed Laghdaf.. dr

Le 16/04/2020 à 07h16, mis à jour le 16/04/2020 à 20h33

L'ancien Premier ministre Moulaye Mohamed Laghdaf a chargé son ancien mentor Mohamed ould Abdelaziz devant la Commission d'enquête parlementaire en mettant tous les dossiers incriminés (foncier public, accord de pêche avec les Chinois, etc.) sur le dos de l'ex-président.

Convoqué devant une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur plusieurs aspects de la gouvernance en Mauritanie au cours de la décennie écoulée, Moulaye Mohamed Laghdaf, Premier ministre entre août 2008 et juin 2014, s’est lavé à grandes eaux des faits de malversations, enfonçant du coup l’ancien président, Mohamed ould Abdel Aziz.

Interrogé par les députés au sujet d’une opération foncière au centre ville de Nouakchott, l’ancien Premier ministre a affirmé:«j’ai été informé de la vente des blocs rouges par l’ancien président de la république, tout juste quelques jours avant la date fixée à cet effet. Il m’a juste demandé d’envoyer un conseiller pour assister à l’opération de cession».

Les blocs rouges sont les premiers immeubles de Nouakchott, construits au centre ville au début des années 1960, pour accueillir les familles des ministres et hauts fonctionnaires.

Cette opération avait été très mal perçue par une partie de l’opinion, qui l’assimilait à un maquillage permettant à certains particuliers de faire main basse sur le foncier public.

Répondant à une question sur le contrat entre le gouvernement mauritanien et la société chinoise «Poly Hondong» pour l’exploitation des ressources halieutiques à Nouadhibou pendant 25 ans, Moulaye ould Mohamed Laghdaf a ajouté: «Mohamed ould Abdel m’a demandé de laisser ce dossier afin qu’il en assure personnellement le suivi. Je n’ai pas été mêlé à la gestion de dossiers faisant l’objet de suspicions. J’étais plutôt concentré sur des affaires relatives à l’enseignement, à l’eau potable… abandonnant tout ce qui avait trait aux finances, à l’énergie, aux mines et à la pêche, au président Mohamed ould Abdel Aziz».

L’ancien chef de l’Etat mauritanien est également convoqué par la commission parlementaire, mais l’opinion publique s’interroge au sujet de ses dispositions à venir témoigner.

Cette commission parlementaire mène des investigations sur des soupçons de corruption entourant la cession du foncier à Nouakchott, l’attribution de marchés sur l’énergie, la pêche,…

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 16/04/2020 à 07h16, mis à jour le 16/04/2020 à 20h33