Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) et l’Union nationale pour une alternance démocratique (UNAD) sont favorables à un règlement définitif du passif humanitaire en Mauritanie.
Cette position a été exprimée mardi au cours d’une conférence de presse conjointe organisée au lendemain de la célébration du 56e anniversaire de l’indépendance nationale.
Le passif humanitaire en Mauritanie désigne l’exécution extrajudiciaire de plusieurs centaines de militaires issus de la communauté négro africaine entre septembre 1990 et février 1991. Une barbarie qui a atteint un pic dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, avec la pendaison de 28 militaires «pour célébrer le 30e anniversaire de l’indépendance nationale».
Mauritanie-indépendance: entre célébration de la fête nationale et souvenirs douloureux
Ahmed Ould Daddah, leader du Rassemblement des forces démocratiques (RFD), a plaidé «en faveur d’une solution juste et équitable à cette tragédie nationale, qui conditionne l’unité et la paix des esprits et des cœurs».
La prière de Kaédi (ville située à 430 kilomètres au sud-ouest de la Mauritanie) organisée le 25 mars 2009 par le président Mohamed Ould Abdel Aziz à la mémoire des victimes du passif humanitaire est une bonne initiative mais elle n’a pas réglé la question de fond. D'ailleurs, pour de nombreux négro-mauritaniens, ces prières étaient tout simplement un leurre du président Aziz, qui était dans une posture de consolidation de son pouvoir après son putsh de 2008 suivi de son élection à la tête de l'Etat.
Les veuves et les ayants droit des victimes attendent toujours une solution qui préserve le devoir de vérité, de justice et de mémoire, sans écarter le pardon. Toutefois, les autorités préfèrent jouer avec le temps.
Une action dont la responsabilité incombe au pouvoir qui doit préserver les droits des proches des victimes et permettre à tous les Mauritaniens de savoir ce qui s’est réellement passé. «Nous ne cherchons pas à rouvrir les plaies, mais plutôt à apaiser la douleur des nombreuses veuves, orphelins et familles qui ont souffert de ces exactions», ont souligné les partisans de l’opposition.
Ces exécutions extrajudiciaires sont couvertes par une loi d’amnistie adoptée en 1993 par le Parlement sous les ordres du régime d’Ould Taya. Une amnistie qui n’a été précédée par aucun jugement et qui n’est reconnue ni par les intéressés, ni par la société civile ou les défenseurs des droits de l’Homme.