Une grande partie de la population mauritanienne "continue à vivre dans une pauvreté multidimensionnelle et n’a pas accès à une nourriture suffisante, à l’éducation, à l’eau, à l’assainissement, ni aux soins de santé". Ce constat est établi à travers un document du rapporteur spécial des Nations Unies (ONU) sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté, Philip Alston. Ce dernier a effectué une mission dans le pays du 02 au 11 mai 2016.
Ce rapport sera présenté à l’occasion de la 35e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui se déroulera à Genève du 06 au 23 juin 2017.
A l’ordre du jour de la rencontre : la promotion et la protection de tous les droits de l’homme, civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, y compris le droit au développement».
Ce document affirme que "les Haratines et les négro-mauritaniens sont pratiquement exclus de toutes les fonctions réelles de pouvoir, ainsi que de nombreux pans de la vie économique et sociale, ce qui les condamne de fait à la pauvreté".
D’autres difficultés se posent également pour combattre la pauvreté. Ainsi, "les droits économiques et sociaux ne sont pas suffisamment reconnus, on ne dispose pas de données fiables correctement ventilées, et l’espace dont jouit la société civile va en se rétrécissant". ajoute le rapport.
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Au cours de cette mission, le rapporteur spécial des Nations Unies (ONU) sur les droits de l’homme et l’extrême pauvreté à rencontré les autorités gouvernementales, le parlement, les organisations de la société civile, les organisations Internationales (OIN) opérant sur place et les membres du corps diplomatique accrédités en Mauritanie.
Ce document relève cependant que la Mauritanie est un pays riche sur le plan des potentialités: minerai de fer, bétail, poissons, terres agricoles dans la vallée du fleuve. D’après l’enquête sur les ménages réalisée par les autorités en avril 2015, «la pauvreté aurait été ramenée de 42% en 2008, à 31% en 2014, et l’extrême pauvreté de 25,9% à 16,6% au cours de la même période».
Insistant sur l’exclusion des Haratines et des négro-mauritaniens, le rapport ajoute "qu’ils sont systématiquement absents de la quasi-totalité des postes de responsabilités et constamment exclus des nombreux aspects de la vie économique et sociale. Ces groupes représentent plus des 2/3 de la population, mais différentes politiques servent à rendre leurs besoins et leurs droits invisibles".
Par ailleurs, regrète le rapport, "le gouvernement a pour principe de ne pas recueillir des statistiques sur le nombre de Haratines et d’afro mauritaniens vivant dans le pays, de ne pas ventiler les données dans les domaines tels que la santé ou l’éducation, alors que cela permettrait d’évaluer la manière dont certains groupes de la société s’en sortent par rapport à d’autres".
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En dépit de cette absence de statistiques officielles sur l’exclusion de certaines franges de la population, les responsables du «Manifeste Haratine» avancent quelques chiffres pour donner un visage à cette réalité: «80% des chômeurs, 85% des analphabètes et 95% des individus sans terre pour cultiver» seraient issus de cette dernière composante. Qu’en serait il pour les négro-mauritaniens?
Pour défendre sa position et «les progrès réalisés» dans la lutte contre «les séquelles» de l’esclavage et le «rétablissement des négro-mauritaniens dans leurs droits» après les exactions des années 1990, le gouvernement mauritanien envoie traditionnellement dans ces forums onusiens un contingent d’ONG, dirigées souvent des membres de ces communautés. Genève 2017 devrait obéir à la même règle.