Mauritanie-Algérie: controverse autour de l'arrestation de 9 mauritaniens par l'armée algérienne

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Le 22/05/2017 à 14h45, mis à jour le 22/05/2017 à 15h05

L'armée algérienne a arrêté 9 orpailleurs mauritaniens, les accusant de se livrer à du trafic. Une version démentie par les proches des concernés. Plus grave, des témoignages attestent que ces individus ont été alpagués en plein territoire mauritanien.

Neufs orpailleurs mauritaniens ont été arrêtés par l’armée algérienne au cours des derniers jours, selon la presse locale citant des sources familiales, avec des précisions relatives aux noms des prisonniers.

Pendant le week-end, le ministère algérien de la Défense signalait que «dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la surveillance des frontières, une patrouille de l’armée algérienne a arrêté neuf trafiquants de nationalité mauritanienne».

Toujours selon cette source, l'opération a également permis «la confiscation d’un véhicule, d’un pistolet de 9 millimètres, des cartouches, neuf appareils de détection de métaux, neuf téléphones portables, un ordinateur portable, un GPS, un appareil de téléphone satellite, des sommes d’argent en liquide et divers effets».

Toutefois, du côté mauritanien, la version des autorités algériennes est démentie à travers une déclaration d’un frère de l’un des individus arrêtés. Relayée par le site d’informations en ligne «Sahara Médias», Sid’Ahmed Ould Tirjeh jette en effet un énorme pavé dans la mare, en affirmant que ces personnes ont été alpaguées dans un endroit situé à 6 kilomètres à l’intérieur du territoire mauritanien et qu’elles ne se livraient pas à du trafic.

Il ajoute que "le propriétaire de l’arme confisquée sur eux disposait d’une autorisation légale délivrée par les autorités mauritaniennes".

En clair, il s'agit d'orpailleurs, comme l'illustre le matériel saisi. D'ailleurs, cette zone est aujourd'hui fortement quadrillée par des chercheurs d'or depuis l'annonce de découvertes du métal jaune au nord du pays et la légalisation de l'orpaillage par les autorités mauritaniennes. 

Touetefois, face aux conditions draconiennes imposées par l'Etat mauritanien (agréments et taxes sur le matériel d'orpaillage), il y a eu un développement d'orpaillage clandestin un peu partout au nord du pays avec la ruée ves l'or de la part de nombreux mauritaniens mais aussi des étrangers. 

Reste que la zone désertique, théâtre de ces faits, ressemble à un véritable ventre mou à la croisée de plusieurs frontières (Mauritanie, Algérie et Mal) aussi poreuses les unes que les autres. Un endroit dans lequel se développent de nombreux trafics : armes, drogue, personnes, cigarettes et même parfois prises d’otages opérés par des groupuscules terroristes.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 22/05/2017 à 14h45, mis à jour le 22/05/2017 à 15h05