Mauritanie: le père du blogueur M'Kheitir exige la protection de son fils

Le 13/11/2017 à 13h00, mis à jour le 06/10/2022 à 10h50

Mohamod Ould M'Kheitir, père du blogueur condamné à mort et ex-préfet de Nouadhibou, réfugié en France depuis plusieurs mois, demande aux autorités mauritaniennes de garantir la sécurité de son fils et d'accélérer sa libération.

Réfugié en France depuis plusieurs mois avec son épouse, le père du blogueur condamné à mort pour «apostasie» par une cour criminelle en 2014 - un verdict annulé jeudi dernier en appel -, est sorti de son silence.

Mohamed Ould M’Kheitir, père de Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir et préfet de Nouadhibou au moment des faits, exige des autorités mauritaniennes «la protection de son fils et l’accélération de sa libération» dans un entretien publié par la chaîne de télévision France 24.

Il semble qu’en droit, le jeune blogueur ne soit plus détenu. Théoriquement libre, le lieu de sa résidence provisoire serait pourtant gardé secret pour éviter l’acte isolé d’un justicier surgi de nulle part.

En effet, des manifestants ont demandé son exécution, en dépit d’une décision juridique qui condamne Mohamed Ould M’Kheitir à une peine correctionnelle de deux ans de prison ferme, conformément à l’article 306 du Code pénal, déjà purgée en détention préventive, et une amende de 60.000 ouguiyas, soit un peu plus de 180 euros.

L’ancien préfet de Nouadhibou déplore le comportement «de groupes d’individus manipulés politiquement par des partis d’opposition et la mouvance islamiste radicale, qui font le tour de la Mauritanie pour réclamer l’exécution de son fils».

Ces manifestations, relève-t-il, «ne regroupent que des personnes issues d’une même couche sociale, autoproclamée gardienne de la religion, et qui estime être l’unique destinataire de la révélation et du message divin». D’où cette sortie de Cheikh El Rida, une figure très active des milieux islamistes, rapportée dimanche par la presse locale: «Je crains que l’injustice vis-à-vis des maalimines-forgerons ne soit la raison principale qui ait poussé Mohamed Cheikh Ould M’Kheitir à outrager le prophète. Les Mauritaniens doivent respecter cette frange sociale. Elle est vertueuse, ses membres vivent du labeur de leurs mains. Elle a vécu l’injustice dans le passé et continue de l’endurer de nos jours».

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 13/11/2017 à 13h00, mis à jour le 06/10/2022 à 10h50