Sénégal-Etats-Unis. Gadio devient "facilitateur" pour la justice américaine

Cheikh Tidiane Gadio.

Cheikh Tidiane Gadio.

Le 16/02/2018 à 12h16, mis à jour le 16/02/2018 à 12h41

Du statut de coaccusé, le député Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal, devient "facilitateur" pour la justice américaine, dans le cadre de l'enquête pour "corruption et blanchiment" dans laquelle il est impliqué avec Patrick Ho.

Soupçonné de «corruption et blanchiment de capitaux» en même temps que Patrick Ho, ancien fonctionnaire du gouvernement chinois, le député Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal de 2000 à 2009, est de plus en plus proche d’une libération totale, après plus de 2 mois de résidence surveillée.

En effet, citant un document de la justice américaine, le quotidien dakarois Libération de ce jeudi révèle que «le dossier de Cheikh Tidiane Gadio a été disjoint de celui de Chi Ping Patrick Ho».

Mieux, l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise passe du statut de «coaccusé» à celui, beaucoup plus confortable de «facilitateur dans la commission des infractions» objet de cette procédure.

Au même moment, une libération provisoire assortie du versement d’une caution de 10 millions de dollars a été refusée à son désormais ex-coinculpé.

Une évolution récente du dossier qui paraît tout à fait logique pour le journal, car jusqu’à ce jour, l’ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal «n’a pas été formellement mis en examen, alors que Patrick Ho, écroué à la Métropolitain Correctional Center (New York), doit passer les 9 mois prochains en situation d’incarcération provisoire».

Ainsi, après la mise en état du dossier, ce qui renvoie à la durée de l’instruction, le procès de Ho est prévu pour novembre 2018, ajoute Libération, citant des sources judiciaires américaines.

Sur la base des éléments de droit et des faits, il apparaît de plus en plus clairement que Cheikh Tidiane Gadio n’a jamais franchi la ligne rouge et que l’action du cabinet de consulting qu’il dirige a été rémunérée (honoraires et non commission) dans les limites de la légalité.

Rappelons que la justice américaine accuse l'ancien chef de la diplomatie sénégalaise d'avoir joué de son influence pour pousser Idriss Déby Itno, président du Tchad, à vendre à Chi Ping Patrice Ho certains blocs pétroliers qui étaient aussi convoités par des majors américains. Et dans le cadre de cette opération, la justice amricaine souligne que par l'entremise de Gadio, l'entreprise chinoise China Energy Fund Committes, a versé des pots-de-vin de 2 milions de dollars au président tchadien.

Une chose est sûre, les dernières nouvelles relatives au traitement de cette affaire renforcent la pertinence des interrogations et la thèse selon laquelle l’ancien patron de la diplomatie sénégalaise serait la victime collatérale de la féroce guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine pour le contrôle du pétrole tchadien, et africain en général. Un affrontement sans règles préétablies, dans lequel les coups les plus tordus et les attaques sous la ceinture sont permis.

Aux Etats-Unis, une faune de lobbyistes offrent des services toujours plus alléchants, dans l’objectif d’accrocher d’éventuels partenaires. Ce qui naturellement renseigne sur le caractère légal d’une telle activité.

Par Cheikh Sidya (Nouakchott, correspondance)
Le 16/02/2018 à 12h16, mis à jour le 16/02/2018 à 12h41