La Chine poursuit sa politique de consolidation de son partenariat multidimensionnel avec l’Afrique. C’est dans ce cadre que s’inscrit le nouveau périple africain qu’entreprend le président chinois du 20 au 27 juillet, et qui le mènera dans trois pays d’Afrique de l’ouest, de l’est et australe: Sénégal, Rwanda et Afrique du Sud.
Dakar, la capitale du Sénégal, accueillera à partir du 20 juillet courant, et pour 3 jours, le président chinois Xi Jinping. Au menu de cette visite, le raffermissement des relations politiques, mais surtout économiques entre la Chine et les trois pays du continent africain.
Au Sénégal, où il s’agit de la première visite d’un président chinois, plusieurs accords de coopération économique seront signés entre les deux pays. Le président chinois sera reçu au Musée des civilisations noires de Dakar dont la réalisation a bénéficié d’un soutien financier de la Chine.
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Trois jours après, il mettra le cap sur Kigali, la capitale du Rwanda où il sera reçu par le président Paul Kagame. Outre le renforcement de la coopération entre les deux pays, le président chinois discutera avec son homologue rwandais, président en exercice de l’Union africaine, du prochain sommet Chine-Afrique qui aura lieu en septembre prochain à Pékin avec pour thème: «Construire ensemble une communauté de destin sino-africaine encore plus solide pour réaliser la coopération gagnant-gagnant».
Enfin, le président chinois bouclera son périple par l’Afrique du Sud où il assistera au sommet des pays du BRICS, regroupant le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.
Il s’entretiendra avec le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, futur président de l’Union africaine.
Il s’agit du troisième périple du président chinois en Afrique. Le président Xi Jinping a effectué sa première tournée en Afrique quelques jours après son élection en mars 2013 en visitant 3 pays –Tanzanie, Afrique du Sud et Congo-Brazzaville- en 8 jours. En décembre 2015, un second périple l’avait conduit au Zimbabwe et en Afrique du Sud.
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L’enjeu principal pour le président chinois est le renforcement de la coopération économique entre le Chine et le continent africain. En effet, depuis 2009, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique. En l’espace de 20 ans -de 1995 à 2015-, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont été décuplés pour atteindre 188 milliards de dollars en 2015. Un niveau qui représente plus de 3 fois celui de l’Afrique avec les Etats-Unis, la France et l’Inde réunis. Sur les 10 dernières années, de 2006 à 2016, les prêts de la Chine au continent ont atteint 67,2 milliards de dollars, dépassant largement ceux de la Banque mondiale sur la période.
Au niveau des investissements, selon les données de China Arica Research, la valeur des stocks des investissements chinois en Afrique est passé de 2,5 à 34,5 milliards de dollars entre 2003 et 2016, soit une progression annuelle de 33%.
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Entre 2000 et 2016, la Chine a investi 140 milliards de dollars en Afrique sous forme de prêts. Le pays est accusé d’être moins regardant en prêtant aux pays africains et de surendetter certains pays du continent. Avec les largesses chinoises dans un contexte de baisse des recettes d’exportation, les prêts chinois ont fait passer l’endettement moyen du continent de 34% dans les années 1980 à environ 50% actuellement. L’Angola qui fait face à la crise est l’un des plus grands bénéficiaires des prêts chinois.
Grâce à sa puissance financière et à son pragmatisme, la Chine est aujourd’hui derrière presque tous les projets d’infrastructures en Afrique: autoroutes, barrages, ports, chemins de fer, centrales hydroélectriques, palais de congrès, etc.
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Selon McKinsey, quelque 10.000 entreprises chinoises opèrent en Afrique et contrôlent près de 50% des grands chantiers du continent. A titre d’illustration, environ 40% des appels d’offres des chantiers d’infrastructures initiés par la Banque mondiale en Afrique sont remportés par les Chinois qui sont toujours les moins chers. Rien qu’en 2015, la Chine a investi plus de 20 milliards de dollars dans les infrastructures africaines.
Enfin, outre le volet économique, il faut souligner que la Chine, dans le cadre de conquête de l’Afrique, ne néglige aucun compartiment. Ainsi après s’être devenue le premier partenaire économique du continent, la Chine ne néglige pas aussi les volets politique, stratégique, culturel et militaire. Sur ce dernier point, l’Empire du milieu a inauguré cette année sa première base militaire hors de la Chine à Djibouti.