Alors que Jammeh bande les muscles et procède au recrutement de mercenaires libériens et sierra-léonais, la population sénégalaise en Gambie, qui y représente la première communauté étrangère, craint beaucoup le sort qui lui sera réservé en cas de conflit. D'après les dernières statistiques officielles sur l'émigration des Sénégalais datant de 2007, c'est la Gambie qui arrive en tête des pays destinataires avec 20% des expatriés originaires du pays de la Téranga. En matière de nombre, ceux-ci se placent même devant les Sénégalais de France (18%), d'Italie (10%), de Mauritanie (8%), d'Allemagne (5%), du Ghana (5%). Dans ce domaine, la Gambie se situe juste à côté de l'Arabie Saoudite, le seul pays où le ministère sénégalais de l'Education nationale dispose d'un lycée géré par l'administration sénégalaise. C'est dire les liens qui existent entre les deux pays et l'impact qu'une intervention armée dirigée par le Sénégal pourrait avoir.
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Evidemment, depuis, la situation a bien évolué, puisque des pays comme le Maroc sont devenus des destinations prisées pour plusieurs raisons. Néanmoins, la Gambie continue d'accueillir une très forte communauté de commerçants et d'artisans dont certains établis depuis plusieurs décennies au pays de Yahya Jammeh.
Le fait que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest ait menacé Yahya Jammeh d'une intervention armée au cas où il ne voudrait pas céder le pouvoir à Adama Barrow n'est pas pour rassurer ni les Gambiens ni les nombreux Sénégalais de part et d'autre de la frontière. Du coup, on constate beaucoup de mouvements dans le sens Banjul-Ziguinchor, Banjul-Kaolack et Banjul-Dakar. A Banjul également, de nombreuses échoppes tenues par les Sénégalais restent fermées. Et le sentiment qui domine chez beaucoup de Sénégalaisest l'inquiétude.