Sénégal-Cameroun: les Lions de la Teranga n'ont pas réussi à briser le signe indien

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Le 29/01/2017 à 19h00, mis à jour le 29/01/2017 à 23h20

C'est un duel de fauves qui s'est déroulé ce samedi pour les quarts de finale de la phase finale de la Coupe d'Afrique des Nations. Mais ce sont les Camerounais qui ont réussi pour la troisième fois de l'histoire à se mettre au travers du chemin des Lions de la Teranga. Un match suivi avec tension.

Ce samedi 28 janvier, les «Lions de la Teranga» doivent affronter leurs rivaux, «les Lions Indomptables», en quart de finale de la Coupe d’Afrique des nations 2017. Dans les grandes villes, les rues sont désertes dès 18h. Tout le monde veut suivre ce match contre la bête noire de l’équipe nationale de football du Sénégal.

A Thiès, chez la famille Ndiaye, lieu de rencontre de plusieurs jeunes du quartier hersent le stress est à son comble et les commentaires vont bon train. Le Salon qui sert aussi de salle Télé, pourtant spacieux, a du mal à contenir les jeunes venus suivre le match au petit écran. Personne ne veut rater une seule minute de ce quinzième rendez-vous entre les félins d’Afrique subsaharienne.

Avantage Cameroun

En effet, le Sénégal et le Cameroun se sont affrontés à 14 reprises depuis 1963. Les deux équipes se partagent les victoires avec cinq succès pour chacune et comptent quatre nuls. Sauf qu’en phase finale, les Lions indomptables ont toujours fait barrage à leurs cousins de la Teranga. En 1992, à Dakar c’est le Cameroun qui a éliminé le Sénégal et dix ans plus tard au Mali, ce sont les coéquipiers de Rigobert Song qui empêcheront la bande à El hadji Diouf de brandir le trophée pour une première fois en les battants aux tirs au but. C’est pourquoi tout le monde appréhende ce match.

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Dans la salle de télé, Pape Diop qui, d’habitude prépare le thé à de pareilles occasions décide d’installer son service à thé au coin de la pièce. «En m’installant dans ce coin, je ne risque pas de voir mes amis renverser ma théière. Ils ne se contrôlent pas quand c'est le Sénégal qui joue», dit-il, lui aussi tout inquiet. Contrairement à ce qui se passe quand ce sont les équipes de Barcelone, du Real de Madrid ou de Liverpool qui jouent, tous les supporters ont un seul souhait. Celui d’assister à la victoire du Sénégal contre le Cameroun.

Pronostics

Malgré le stress, les pronostics vont bon train dès le premier coup de sifflet de l’arbitre.«J’aurais préféré que le Sénégal tombe sur une autre équipe que le Cameroun en quart de finale», dit Modou Sonko. «Vous pensez pouvoir remporter une Coupe d’Afrique en évitant les grandes nations du Football ? Si vous voulez la victoire finale, il vous faudra forcément battre ou le Cameroun, ou le Congo ou le Ghana», lui répond Malick qui a du mal à cacher son stress. Il ne tient plus sur sa chaise.

Les joueurs sénégalais multiplient les occasions de but mais ne trouvent pas la faille dans les buts camerounais. A la dixième minute, Mame Biram Diouf décoche un joli centre à gauche de la surface qui ne trouve pas preneur, Sadio Mané était trop court pour reprendre le ballon. Dix minutes plus tard, c’est le jeune Diao Keita Baldé qui envoie un centre vers Diouf. Ondoa rate sa sortie, le ballon revient sur Kouyaté qui rate de peu le cadre vide, de la tête. La défense camerounaise a mal et multiplie les fautes.

Ondoa, encore lui

Cependant, malgré son jeune âge, le portier camerounais a, aujourd'hui, sorti le grand jeu. Fabrice Ondoa est arrivé à stopper tous les tirs cadrés des attaquants sénégalais. Aidé en cela par une défense très en place et une équipe sénégalaise qui manque de lucidité devant les buts. A la mi-temps, le score est vierge. Tous calmes en apparence, les supporters sénégalais multiplient les va-et-vient dans la salle de télé.

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Entre temps, la première tasse de thé leur est servie. Au Sénégal, le thé suit toujours un rituel bien défini. Tout le monde à droit à trois verres successifs. Le Leuweul (de l’arabe Al awal), la première tasse est très fort tirant vers un goût presque amer. Alors que les deux derniers verres diminuent progressivement en intensité. En attendant, le match lui va bientôt reprendre en intensité.

Le Cameroun reprend du poil de la bête

Les joueurs sont maintenant revenus sur la pelouse et l’arbitre donne le coup d’envoi de la 2ème mi-temps. Pour avoir tenu tête au Sénégal durant la première période, les Camerounais reviennent confiants et posent de plus en plus de difficultés aux Sénégalais qui semblent douter. «Pourquoi Aliou Cissé n’opère pas des changements en faisant entrer le jeune Ismaïla Sarr. Il a été décisif à chaque fois qu’il a joué», s’interroge Oumar Diop qui fait partie de ces 14 millions d’entraîneurs que compte le pays. «Certains joueurs sénégalais oublient qu’ils ont des partenaires et veulent marquer tout seuls. A ce jeu, ils n’y arriveront jamais», crie Alioune Dème. Lui ne suit jamais les championnats européens de football, mais aujourd'hui, la fibre patriotique a pris le dessus. 

Pendant ce temps, les minutes s’égrènent. On s’achemine tout doucement vers la fin du temps réglementaire. A la 66ème minute, face au mur défensif camerounais, Keita décide de frapper de loin, c'est fort, c'est cadré mais Ondoa est encore bien placé pour capter le ballon. La réponse n'a pas tardé dans l'autre camp, dans la minute suivante. Sur un tir raté de Bassogog, le ballon arrive à Moukandjo qui tente de surprendre Diallo. Arrêt reflex du portier Sénégalais sur sa ligne de but. Le silence règne maintenant dans l’assistance au coup de sifflet final de l’arbitre.

La fatigue s'est installée

Probablement fatigués, les joueurs des deux équipes n’arrivent plus à avoir d’occasions. Mais, à la 86ème minute, quelle ultime occasion ratée pour les Lions de la Téranga ! Sur une passe en retrait, Moussa Sow, le buteur de Fenerbahçe frappe en force, Ondoa, encore lui, s'interpose et repousse le ballon qui revient dans les pieds de Mané dont le tir est dans le petit filet.

La fatigue s’est définitivement emparée des fauves qui rétractent leurs redoutables griffes. Ce sera ainsi jusqu'à la fin des prolongations. On se dirige ainsi vers les séances fatidiques de tirs au but. Quatre sénégalais et quatre camerounais ont chacun marqué leurs tirs quand Sadio Mané s’élance pour tirer le sien. Il enveloppe la balle et tombe sur un Patrice Ondoa des grands jours qui arrête le ballon. Ç’en est fini des espoirs des Sénégalais quand le camerounais Vincent Aboubacar entré en cours de jeu marque. «L’issue des tirs au but ne me surprend pas. Notre gardien n’est pas très doué quand il s’agit d’arrêter des pénaltys», commente Ousseynou qui, durant tout le match n’avait pas prononcé de mot. C’est pourtant le seul qui a encore la voix. Tout le monde a perdu la sienne.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 29/01/2017 à 19h00, mis à jour le 29/01/2017 à 23h20