Lors de son passage à l'Assemblée nationale hier pour la session budgétaire, le ministre de l'Energie et du développement des énergies renouvelables, Thierno Alassane Sall, a annoncé le gel de l'implantation de nouvelles stations-service à Dakar. Le gouvernement justifie cette mesure par la "nécessité" de mettre de l'ordre dans la distribution de carburants.
Il faut dire que l'installation tout azimuts de stations-service dans la capitale sénégalaise, y compris dans des endroits densément peuplés, commence à inquiéter les populations.
La construction de nouvelles stations-service oppose régulièrement les promoteurs et les riverains. Comme ce fut le cas il y a trois ans à la Cité Lobatt Fall à l'entrée de Pikine. Après un long bras de fer avec les populations, le promoteur a finalement construit la station, mais a du renoncer à l'idée d'y intégrer une boulangerie.
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"Nous avons tous constaté la prolifération de stations-service dans les artères de la capitale (...) C'est pourquoi le Premier ministre nous a demandé de mettre de l'ordre dans le secteur", explique Thierno Alassane Sall. Au Sénégal, le contrôle des stations-service est assuré à la fois par les ministères de l'Environnement, de l'Energie, de l'Urbanisme et du Commerce.
Du côté des pétroliers on évoque une mesure "unilatérale" visant surtout à favoriser le français Total, leader de la distribution de produits pétroliers au Sénégal. "Le gouvernement ne nous a pas encore signifié la décision de geler les implantations de stations-service à Dakar, mais il ne doit pas prendre cette décision de manière unilatérale", dénonce Ameth Guissé, président de l'Association sénégalaise des pétroliers (ASP) dans les colonnes du quotidien "L'Observateur" de ce matin.
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Il estime que si l'Etat doit prendre une telle mesure, il doit revoir toutes les implantations, y comprises celles déjà existantes. "Après avoir laissé Total finir son implantation, le gouvernement veut interdire aux autres sociétés de s'implanter. L'Etat veut faire la part belle à Total au détriment des investisseurs nationaux", dénonce Ameth Guissé. Selon lui, il faut plutôt réguler au lieu de geler les implantations. Il invite l'Etat à revenir sur sa décision et à engager des discussions avec toutes les parties.
Il faut dire que Dakar, qui concentre 70% du marché de distribution des hydrocarbures, constitue un énorme enjeu.