Sénégal: les travaux du Train express régional (TER) lancés ce mercredi

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Le 14/12/2016 à 16h42, mis à jour le 14/12/2016 à 17h52

Après plusieurs mois de gestation, le gouvernement sénégalais lance les travaux du Train express régional (TER). Ce projet d’un coût de 867 millions d’euros devrait «révolutionner» la mobilité urbaine entre Dakar et le nouvel aéroport.

Cet après-midi, les travaux du Train express régional (TER) devant relier Dakar au nouvel Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) seront lancés. Les officiels, dont le président Macky Sall, se rendront d'abord à la gare de Dakar pour assister au démarrage des premiers chantiers de travaux d’infrastructures confiés au duo français Engie Ineo/Thalès. 

Ils iront visiter ensuite, la maison TER: une structure à vocation «pédagogique» qui doit aider les Sénégalais à s’adapter et à s’approprier la future infrastructure. Les maquettes du train avec ses fonctionnalités liées aux dispositions électriques et à l’écartement standard des voies y sont déjà exposées.

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L’idée de cette maison s’explique par le fait qu’à partir de 2017, les passages à niveau vont disparaître au profit d’ouvrages de franchissement, souligne-t-on au niveau de l’Agence sénégalaise de promotion des investissements et des grands travaux de l’Etat (APIX), maître d’œuvre du projet. 

Il est aussi prévu un système de tickettage électronique multimodal, combinant bus et train. Ce qui veut dire qu’un ticket de bus permettra au passager de rallier toute destination desservie par le train. 

La visite officielle s'achèvera au Centre de conférence Abdou Diouf de Diamniadio, terminus de la première phase du projet. Ce sera l'occasion d'échanger avec les entreprises titulaires qui réalisent l'ouvrage et les partenaires techniques et financiers qui accompagnent le Sénégal dans ce projet. Les échanges porteront sur sa cohérence avec la plateforme de projets structurants du Plan Sénégal émergent (PSE).

Un projet d’un coût de 867 millions d’euros

Selon Mountaga Sy, le TER est un projet « complexe et complet ». « Pour les infrastructures, nous allons vers des rails à écartement standard, premiers du genre dans la sous-région, mais aussi un train électrique bimodal qui va fonctionner avec de l’électricité et du diesel », a expliqué Mountaga Sy qui était l’invité du Journal de 20heures hier sur la RTS.

Evidemment, ce projet d’envergure nécessite un investissement colossal. Rien que pour la première phase, le coût est estimé à 568 milliards de FCFA (plus de 867 millions d’euros). Pour «plus de transparence», le gouvernement sénégalais a opté pour des lots séparés et performants.

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«Au lieu d’avoir un gros package confié à une seule entreprise, on a séparé le projet en cinq lots», explique Mountaga Sy. Le lot 1, celui des infrastructures, concerne toutes les plateformes ferroviaires, l’écartement standard et les 100 ouvrages d’art et hydrauliques. Le lot 2 concerne le système, l’intelligence, l’électronique du projet avec, comme nous l’avons mentionné, un train conçu pour fonctionner sur deux modes (à l’électricité et au diesel). Le troisième lot concerne le ripage de la voie une et celle du fret, avec une cohérence avec les différentes voies. Le lot 4 est constitué des 14 gares qui seront desservies par le train. Enfin, le lot 5, celui du matériel roulant, consiste en la fabrication de 14 rames chacune composée de 4 véhicules. La durée des travaux est estimée à 26 mois et la mise en service prévue en décembre 2018. Une fois la plateforme réalisée, le Sénégal choisira un concessionnaire pour l’exploitation.

Le lot 2 finalement au duo français Engie Ineo/Thalès

On ignore encore le noms des entreprises choisies pour chaque lot. Certains marchés n’ayant pas encore été attribués, d’autres font l’objet de contestation devant le comité de règlement des différends (CRD) de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP). C’est le cas notamment des lots 1 et 2 initialement attribués à deux groupements français, respectivement Eiffage GF/Eiffage Sénégal rail/Yapi Merkezi/CSE et Engie Ineo/Thalès, puis suspendus par deux décisions de l'ARMP le 3 août 2016.

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Depuis, il n’y avait eu aucune communication sur l’attribution définitive de ces deux lots. Mais il est désormais certain qu’Engie Ineo/Thalès a bel et bien remporté l’attribution définitive du lot 2, en cotraitance avec une entreprise sénégalaise, la CSE (Compagnie sahélienne d’entreprise). Ce, pour un montant de 225 millions d’euros (148 milliards de FCFA). Sylvie Dao, directrice commerciale et des relations extérieures d’Engie Ineo, a confirmé l’information lors d’une rencontre avec des journalistes, hier à Dakar. Cependant, on ignore les détails, puisque l’attribution définitive n’est pas encore publiée sur le site de l’ARMP.

En tout cas, d’après le DG de l’APIX, pour chacun des marchés, l’appel d’offres a impliqué 65 entreprises représentant «l’ensemble des majors du ferroviaire mondiale de 19 nationalités» et auxquelles s'ajoutent 10 entreprises sénégalaises en cotraitance. « Il y a eu des groupements intelligents et cohérents », explique Mountaga Sy sans donner plus de détails.

En dehors des différents lots, il y a des marchés de supervision. Le Sénégal s’est assuré les services d’une «expertise à la qualité de signature irréprochable» pour l’accompagner dans la rédaction d'un appel d’offres extrêment structuré, ajoute Mountaga Sy. D’après ce dernier, c’est cette « cohérence globale » des marchés divisés en 5 lots performants qui justifient le montant du marché.

Une rentabilité estimée entre 18% et 19%

Selon Mountaga Sy, directeur de l'APIX, les études de faisabilité, tenant compte de l’équilibre entre les charges d’exploitation et les recettes du projet, avec le schéma initial de 115 000 passagers par jour, ont démontré la rentabilité financière du projet. Une rentabilité estimée entre 18% et 19%. Sans compter son impact social et économique. En effet, le projet devrait générer entre 9 500 et 10 000 emplois.

«C’est un projet qui va révolutionner la mobilité urbaine à Dakar. Il sera une épine dorsale, avec des bus qui viendront desservir les gares. Désormais, il sera possible de rallier Dakar à sa banlieue en 20 minutes et Dakar à l’AIBD en 35 minutes», note-t-il.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 14/12/2016 à 16h42, mis à jour le 14/12/2016 à 17h52