Sénégal: Greenpeace alerte sur le pillage des ressources halieutiques par les navires chinois

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Le 29/11/2017 à 12h55, mis à jour le 29/11/2017 à 12h56

Au printemps dernier, 17 navires asiatiques avaient été pris en flagrant délit de pêche illégale dans les eaux ouest-africaines et 11 d’entre eux avaient été arraisonnés. Mais depuis, ces bateaux ont repris leurs activités.

Selon Greenpeace, le coût de la destruction des océans est très élevé en Afrique de l’Ouest. L’organisation écologique appelle ainsi les Etats qui la composent, et ceux qui y exploitent les ressources halieutiques, à unir leurs forces pour constituer une barrière contre le pillage continu pratiqué par les navires asiatiques dans les eaux ouest-africaines.

Aussi, pour plus de clarté dans la lutte contre le pillage, Greenpeace demande aux autorités des différents pays de publier les mesures prises contre les navires et les équipages qui ont été épinglés pour flagrant délit de pêche illégale durant le printemps 2017.

«La situation actuelle en Afrique de l’Ouest est le résultat de décennies de surpêche et d’inaction et de non-concrétisation des engagements pris par les gouvernements des Etats ouest-africains et de ceux qui pêchent dans les eaux de la région, comme la Chine, la Corée du Sud ou les pays de l’Union européenne. Ces pays doivent changer d’approche et mettre enfin en œuvre les mesures essentielles à la survie des communautés côtières – qui paient le prix fort d'une situation qui n’a que trop duré», a déclaré Pavel Klinckhamers, responsable de projet à Greenpeace.

En vingt jours de patrouille seulement, les inspecteurs des pêches du Sénégal, de la Guinée, de la Guinée-Bissau et de la Sierra Leone, avec la collaboration de Greenpeace, ont pris 17 bateaux qui pratiquaient la pêche en infraction avec les règles internationales. Et 11 d’entre eux avaient été arraisonnés pour avoir enfreint les termes définis par les licences de pêche dont ils disposaient. Dans leur majorité, ces navires opéraient des prélèvements d’ailerons de requins, une espère protégée.

Malheureusement, les demandes incessantes de Greenpeace aux Etats de l’Afrique de l’Ouest n’ont pas été suivies. Ces derniers n'ont en effet pas pris de mesures juridiques à l’encontre des bateaux pilleurs. Pire encore, ces 17 navires sont à nouveau autorisés à pêcher dans les eaux de la sous-région. Ce manque de rigueur dans la délivrance des licences dénote une absence totale de transparence dans la gestion de la pêche par les gouvernements des pays concernés.

«Les pays d’Afrique de l’Ouest continuent de signer des accords de pêche opaques avec des pays étrangers sans mettre en place les moyens de surveiller leurs activités, et sans prendre suffisamment en considération les intérêts des pêcheurs artisans. Résultat: ce sont l’environnement marin, les pêcheurs locaux et les populations africaines qui en subissent les préjudices», ajoute Pavel Klinckhamers.

De leur côté, les autorités chinoises ont sommé les autorités provinciales, d’où viennent ces navires, de punir les capitaines des navires impliqués. La plupart de leurs subventions leur ont été retirées. Mieux encore, la Chine, d’où sont principalement originaires les navires qui pêchent dans ces eaux, est en train de mettre en place une réglementation concernant la gestion de la pêche lointaine.

Toutefois, selon Ibrahima Cissé, responsable de la campagne Océans pour Greenpeace Afrique, «il n’y a pas de solution miracle. Il faut que tous les acteurs de la pêche travaillent de concert. Les États africains, en particulier, doivent gérer ensemble leurs ressources communes et veiller à ce que la pêche artisanale, source de nombreux emplois, soit préservée en priorité».

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 29/11/2017 à 12h55, mis à jour le 29/11/2017 à 12h56