Toute la presse nationale et internationale avait été invitée à l'inauguration de l'aéroport international Blaise Diagne (AIBD) qui était en construction depuis 10 ans. Pourtant, les autorités sénégalaises n'ont pas souhaité que les journalistes visitent l'intégralité de l'ouvrage. Ce refus plutôt intrigant a trouvé son explication lorsque les premiers passagers ont atterri. Il s'avère que rien ne fonctionne réellement au niveau de l'aérogare, malgré la fierté qu'affiche le chef de l'État sénégalais pour avoir terminé l'infrastructure qu'avait commencée son prédécesseur, Abdoulaye Wade.
"Avec la cérémonie qui nous réunit ce 7 décembre 2017, le Sénégal prend assurément son envol", s’est enorgueilli le président Macky Sall, lors d'une cérémonie d'inauguration qui a réuni pratiquement tous les membres du gouvernement, mais également des chefs d'État africains. Ali Bongo Odingba du Gabon, Mario Vaz de la Guinée Bissau et Adama Barrow de la Gambie étaient à Diass lors de cette inauguration.
Malgré toutes les objections soulevées avant cette date, concernant les cuves à kérosène, les moyens de transport, ou la tour de contrôle, les premiers avions ont décollé jeudi 7 décembre à midi, comme l'avait décidé Macky Sall, quelques mois plutôt.
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Toutefois, si le délai fixé de manière purement politique et sans tenir compte des contingences techniques a été respecté, les trois premiers jours d'utilisation de cette infrastructure montrent beaucoup d'imperfections dues à cette précipitation. En effet, c'est le personnel de l'aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar qui a été redéployé vers celui de Diass, situé à 4 km. Or, faute de formation, les agents ne maîtrisent ni l'instrumentation ni les installations techniques.
Des témoignages ahurissants commencent à circuler sur les réseaux sociaux et les groupes de discussion comme Whatsapp. Au président Macky Sall qui parle de décollage du Sénégal, un internaute répond: "Avant de prendre son envol, il va falloir revenir aux normes basiques de la gestion d'un aéroport. J'ai atterri hier soir à l'AIBD... et dire que c'était le chaos est un euphémisme. Nous sommes restés bloqués dans l'avion pendant 30 minutes en attendant l'arrivée d'un bus pour nous acheminer vers la zone des formalités de sortie".
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Pire, beaucoup affirment qu'il leur a fallu entre 3 et 4 heures pour récupérer leurs affaires. Ce retard de 3 heures concerne "les chanceux comme moi qui ont pu le faire", précise cet autre passager qui a atterri vendredi 8 décembre sur cet aéroport flambant neuf.
Les premiers usagers se plaignent également de l'absence d'information sonore et de signalétique. De plus, seuls quelques chariots sont disponibles, ce qui rallonge l'attente pour la récupération des bagages. Autre couac: pour le même avion, certains passagers doivent récupérer leurs affaires sur des tapis différents.
"Le peu de personnel au sol, aussi désemparé que les passagers, court se cacher dès qu'un usager les interpelle pour de l'information", explique un homme d'affaires. "Bref, on a eu droit à un spectacle désolant d'un aéroport magnifique par sa structure, mais complètement hallucinant par sa gestion", ajoute-t-il. "Donc si vous avez prévu un voyage ces jours-ci, mieux vaut ne pas prendre de bagages en soute", conclut le même infortuné.