Sénégal: au bord de l'asphyxie financière, l'Etat met la pression sur la douane

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Le 12/06/2019 à 16h39, mis à jour le 12/06/2019 à 16h43

Les nouvelles règles douanières qui prennent effet ce lundi 10 juin risquent de perturber le bon fonctionnement du Port autonome de Dakar. Dans une note de service, la Direction de la réglementation et de la Coopération annonce une augmentation des taxes dont certaines passent du simple au double.

Avec les modifications apportées à la grille tarifaire, les importateurs de marchandises vont devoir dépenser plus d’argent pour pouvoir enlever leurs conteneurs. A titre d’exemple, le dédouanement de la pièce de pneu d'occasion pour véhicule de tourisme, toutes origines confondues, pour lequel ils payaient 1 500 francs Cfa, leur reviendra à 4 000 FRancs CFA. Ce qui représente une hausse de plus 166%.

Pour ce qui est de conteneurs de vrac importé, leurs tarifs ont aussi connu des changements. «L’évaluation de la valeur des produits recensés dans le conteneur, sera faite au cas par cas. L’enlèvement des conteneurs de 20 pieds au Port autonome de Dakar (PAD) qui leur coûtait en moyenne 4 millions de francs Cfa, va ainsi leur revenir à 10 millions de francs Cfa à compter de ce mardi 11 juin 2019.

Des pratiques illégales à l’origine de la hausse

La nouvelle tarification douanière est motivée, selon la note de service signée par le Directeur général de Douanes, Oumar Diallo, par «des pratiques illégales» de la part de certains importateurs.

«Il m’a été donné de constater que de nombreux dysfonctionnements sont observés sur la détermination de la valeur en douane lors des dédouanements», a souligné le DG de la Douane. Il convient de noter que certains importateurs de produits textiles, de fripes, de matériel électroménagers, de quincaillerie, de matériels informatiques, de confection, marchandises diverses, matériels de coiffure, sanitaires et produits alimentaires font de fausses déclarations au moment de passer à la douane.

Ces pratiques, préjudiciables aux intérêts du Trésor public, portent un coup dur aux industries sénégalaises, et laissent place à une concurrence déloyale.

« En vertu de l’article 18 du Code des Douanes, l’administration des Douanes se réfère à la valeur transactionnelle telle que définie par l’article premier de l’accord de la mise en œuvre de l’article VII des accords du Gatt (General Agreement on Tariffs and Trade’, soit, en français : Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), comme base première de la détermination de la valeur en douane», lit-on sur le document.

Oumar Diallo en appelle à la responsabilité des chefs d’unités qui doivent instruire aux agents de ne dédouaner les conteneurs qu’après «un contrôle physique» et «une évaluation correcte des marchandises».

Ces nouvelles dispositions prises par la Direction générale des douanes seront certainement peu appréciées des importateurs, des transitaires et de la population.

Leur entrée en vigueur à partir de ce mardi 11 juin va entamer le porte-monnaie des transitaires qui vont voir leurs revenus baisser considérablement. Ces derniers vont également, à partir de cette date, devoir supporter les frais de transfert des conteneurs du PAD au lieu choisi pour la visite douanière.

Ces frais supplémentaires vont certainement se répercuter sur le prix final des produits importés.

Au grand dam des consommateurs, une possible hausse du prix des produits de consommation n’est donc pas à écarter, selon les opérateurs économiques.

Les recettes enregistrées par le Port autonome de Dakar vont également baisser du fait du ralentissement du rythme d’enlèvement des conteneurs.

Par Mamadou Awa Ndiaye (Dakar, correspondance)
Le 12/06/2019 à 16h39, mis à jour le 12/06/2019 à 16h43