Commission de l’UA: Bathily face "aux tirs de barrages d'Alger, de Nouakchott et de Pretoria", selon B.J. Ndiaye

Abdoulaye Bathily, candidat sénégalais à la présidence de la Commission de l'Union africaine (UA).

Abdoulaye Bathily, candidat sénégalais à la présidence de la Commission de l'Union africaine (UA). . DR

Le 14/11/2016 à 15h31, mis à jour le 18/11/2016 à 23h55

Alger, Nouakchott et Pretoria œuvreraient-ils pour saborder la candidature du Sénégalais Abdoulaye Bathily à la tête de la Commission de l’Union africaine (UA) et la réintégration du Maroc dans cette instance? L’hypothèse n’est pas saugrenue, selon le politologue Babacar Justin Ndiaye.

Dans un entretien accordé, ce lundi 14 novembre, au quotidien dakarois L’Observateur, le politologue Babacar Justin Ndiaye a estimé que la candidature du Sénégalais, le Pr Abdoulaye Bathily, à la présidence de la Commission de l’UA risque de se heurter aux manœuvres d’Alger, de Nouakchott et de Pretoria.

Notant une sorte de «télescopage» entre l’agenda du roi Mohammed VI et la candidature de Bathily à la présidence de la commission de l’UA, le célèbre politologue estime qu’il va sans dire que «la nervosité conjointe de l’Algérie et de la Mauritanie, provoquée par la «marocophilie» voire la «marocofolie» débordante du Sénégal, irriguera le vote des deux pays».

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«La candidature du Professeur Abdoulaye Bathily se heurtera aux tirs de barrage d’Alger, de Nouakchott et de Pretoria qui considèrent le Sénégal, comme le cheval de Troie du Maroc sur le continent», avertit-il.

Pour Babacar Justin Ndiaye, cette hypothèse est d’autant plus sérieuse que «l’Algérie fait partie des locomotives diplomatiques du continent, aux côtés notamment de l’Afrique du Sud qui est un supporter inconditionnel du Polisario et de la RASD. Deux pays capables et doués pour le lobbying».

Même si le Pr Bathily parvient à remporter la mise en janvier, Justin lui prédit une «cohabitation ou une collaboration difficile» avec le Commissaire (de nationalité algérienne) de l’UA en charge de la Paix et de la Sécurité, c’est-à-dire le numéro deux de l’institution.

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Cela dit, ajoute Justin Ndiaye, il s’agit d’une élection dans laquelle se manifestent plus de cinquante Etats souverains qui ont des intérêts distincts, indissociables des sous-régions auxquelles ils appartiennent, et des influences extérieures qu’ils subissent, «y compris des influences [sous forme d'espèces, ndlr] sonnantes et trébuchantes». L’épisode de l’entrée de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dans l’OUA, du temps du Togolais Edem Kodjo, reste encore vivace dans les mémoires, conclut Babacar Justin Ndiaye.

Par Ibrahima Diallo (Dakar, correspondance)
Le 14/11/2016 à 15h31, mis à jour le 18/11/2016 à 23h55