Violences politiques: permanente volée de bois vert entre les militants du parti de Macky Sall

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Le 21/02/2017 à 12h52, mis à jour le 21/02/2017 à 12h56

L’Alliance pour la République (APR) est un jeune parti. En 2012, lorsque son leader Macky Sall est porté à la tête du Sénégal, il n’a que 4 ans d’existence. Aujourd’hui son manque de structure est patent et il y règne une anarchie indescriptible.

Aujourd’hui à l’APR, rien ne va plus entre Abdoulaye Diouf Sarr et Yakham Mbaye, deux grands responsables du parti qui se disputent le leadership à Dakar, au moment où, le ministre d’état Mbaye Ndiaye et le directeur des aéroports du Sénégal Pape Maël Diop se donnent en spectacle pour séduire les militants de la capitale.

Dans la banlieue, autre vivier électoral, Abdoulaye Timbo, le maire de Pikine et Abdou Karim Sall, DG de l’Agence de régulation des télécommunications et des Postes (ARTP) en viennent souvent aux mains par leurs partisans interposés. 

Cette tension est aussi palpable entre Thérèse Faye et Mame Marieme Thiam Babou qui se regardent en chiens de faïence à Fimela, localité située dans la région d'origine du président Macky Sall, Fatick. Chacune essaie de savonner la planche à l'autre.

Battue aux dernières élections locales à Dakar, l’ancienne Premier ministre Aminata Touré voudrait aujourd’hui déposer son baluchon à Kaolack, mais la ministre Mariama Sarr ne lui souhaite pas la bienvenue. Et en ce moment, ce n'est pas le grand amour entre le directeur de la poste Siré Dia et le ministre de l’Energie Thierno Alassane Sall à Thiès.

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A Ziguinchor, l’ancien ministre de la Jeunesse Benoît Sambou ne laisse pas la moindre once de terrain au DG du FONGIP Doudou Ka qui est aussi bousculé par la journaliste Aminata Angélique Manga, devenue militante de l’APR. Matam, où Farba Ngom et Daouda Dia ont fini de consommer leur rupture, ne fait pas exception.

Avec toutes ces divisions claniques et ces luttes de pouvoir, le sang a souvent coulé entre les partisans. Macky Sall qui ne parvient visiblement pas à tenir la bride à ses lieutenants, a pourtant promis de sanctionner les militants indisciplinés.

Dakar point de départ des violences APR

La ville de Dakar et sa banlieue ont été les premières à s’illustrer dans cette guerre entre responsables de l’Alliance pour la République (PAR) de Macky Sall où tous les coups sont permis. Déjà, après les élections locales du 29 juin 2014, Yakham Mbaye et Abdoulaye Diouf Sarr avaient donné le ton. Visé par un partisan d’Abdoulaye Diouf Sarr, qui l’accusait d’avoir appelé les électeurs à voter pour l’opposition, Yakham Mbaye ne s’était pas fait prier pour ressortir le passé de «cambrioleur» de Mouhamed Diallo qui était l’auteur de l’accusation.

En effet, l’enquête concernant le cambriolage, dans la nuit du 14 au 15 juin 2005, du domicile de madame Andresia Vaz, alors présidente de la Cour de Cassation, avait conduit Mouhamed Diallo au tribunal correctionnel de Dakar. «Peut-être que les maires Abdoulaye Diouf Sarr et Alioune Ndoye avec qui il s’affiche allègrement et qu'il s’échine à défendre en savent quelque chose!», avait jeté à la figure des mis en cause le secrétaire d’État à la communication.

Caillassage entres responsables APR de la banlieue

Afin d'oublier leur différend, il y a un an, des membres de l'APR ont voulu organiser une rencontre, le 7 février 2016. Pour l’occasion, étaient présents, Daouda Ndiaye le maire de Yeumbeul Nord, Pape Gorgui N'dong maire de Pikine Ouest, Coumba N'Ndoffene Fall maire de Diamagueune Sicap Mbao, Moustapha Mbengue maire de Keur Massar, Fatou Binetou Ndiaye maire de Tivaouane Diacksao, Abdou Karim Sall directeur général de l'ARTP, le député Ibrahima Lo, Samba Niang de Thiaroye Gare et Maguette Seck de Yeumbeul Sud.

Mais, pour empêcher cette rencontre, des nervis, partisans d’Abdoulaye Timbo, maire de Pikine, se sont interposés. C'est là qu’éclate une bataille rangée suivie de jets de pierres. Et, Abdou Karim Sall, le directeur de l’Agence de régulation des télécommunications et de la poste, pour avoir pris une pierre à la tête au moment de regagner sa voiture, en gardera un mauvais souvenir.

Malgré les menaces de Macky Salle qui ne voulait "plus voir un tel comportement", les querelles ont gagné les régions. Après les incidents entre militants de la Convergence des jeunesses républicaines (Cojer), le Président Macky Sall avait vigoureusement réagi. «Je le répète pour la dernière fois, que les gens retournent dans leurs communes pour travailler. Je ne veux plus entendre parler de responsables, je ne veux plus entendre parler de leaders», avait-il menacé. Cependant, les militants ont transposé la lutte dans les régions.

L’APR reste sourde à l’appel de Macky Sall

Les dernières en date se sont produites à Fimela, dans la région de Fatick et à Ziguinchor. Le samedi 11 février 2017, le meeting organisé par Thérèse Faye Diouf, coordinatrice de la Cojer, s'est mal terminé. Des supposés éléments envoyés par Marième Babou ont jeté des pierres dans tous les sens. L’intervention de la gendarmerie n'y a rien fait. Mise au courant de la situation, Marième Thiam Babou n’a rien pu faire à son arrivée. Les jeunes partisans de la Cojer lui ont barré le passage.

C'était aussi le cas à Ziguinchor où l’Assemblée générale de l’APR qui devait s’y tenir le 14 février, s’est terminée dans une extrême violence. Incapables de s’entendre, les militants ont transformé la permanence APR de Ziguinchor en un véritable champ de bataille. Chaises, tables, bâtons, cailloux, tout ce qui était à la portée des militants a été utilisé comme arme. 

Le ministre conseiller Benoît Sambou aurait voulu empêcher certains militants d’accéder à la permanence. Ce que confirme Aminata Angélique Manga. «Ce qui s’est passé est vraiment déplorable. Ce sont des enfantillages dignes des enfants de la section des tout-petits. Nous ne pouvons pas comprendre que nous soyons tous munis du mandat du chef de l’Etat Macky Sall pour travailler à la base et qu’aujourd’hui, alors que nous devrions nous réunir, des responsables empêchent d’autres responsables d’accéder à la salle de réunion», a-t-elle regretté.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 21/02/2017 à 12h52, mis à jour le 21/02/2017 à 12h56