Le président Macky Sall est attendu en visite officielle, le 20 avril 2017, en Guinée-Bissau. Mais une partie de l’opposition et de la société civile, adversaire du président José Mario Vaz, n’apprécie pas ce déplacement du chef de l'Etat sénégalais. L’activiste Sana Canté et le Mouvement des citoyens conscients et insatisfaits (MCCI) qu’il dirige accusent ainsi le président Macky Sall de vouloir cautionner le gouvernement du Premier ministre Umaro Sissoco Emballo qui, selon eux, est illégitime.
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«Le Président sénégalais est à l’origine de la persistance de la crise institutionnelle qui secoue la Guinée-Bissau». C’est en ces termes que le leader du MCCI a tenté de le discréditer alors qu'il part au pays d’Amilcar Cabral pour signer un accord sur le pétrole offshore découvert depuis les années 1980 à la frontière entre les deux pays. Ainsi, Sana Canté veut initier une manifestation le jour de la visite du Président Macky Sall à Bissau. Selon lui, «l’accord censé être signé lors de la visite du président du Sénégal, permettra à ce pays d’exploiter 85% du pétrole, tandis que la Guinée Bissau ne disposera que de 15% de cette ressource».
L’opposition bissau-guinéenne se trompe d’adversaire
«Macky Sall n’est pas le bienvenu, le contexte politique actuel n’est pas favorable. Et c’est comme s’il reconnaît le gouvernement que nous jugeons anticonstitutionnel», a dénoncé Sana Canté. En effet, depuis le limogeage, par le Président José Mario Vaz, de Domingos Simoes Péreira, ancien Premier ministre, en août 2015, la Guinée-Bissau est en proie à une instabilité politique.
Ce choix de l’actuel président bissau-guinéen a créé des frustrations chez certains militants et responsables du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Les députés du parti au pouvoir ont tout simplement boycotté l’Assemblée nationale. Selon eux, constitutionnellement, il ne fait pas partie des prérogatives de José Mario Vaz de choisir ou de limoger un Premier ministre. Et les députés campent toujours sur leur position.
Des chefs d’Etat comme Ellen Johnson Sirleaf du Libéria et Alpha Condé de la Guinée Conakry ont tenté d’apporter une solution à cette crise politique, mais leur ballet à Bissau n’aura servi à rien.
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Il convient de noter tout de même que le Sénégal et la Guinée Bissau ont toujours entretenu des relations exemplaires. Mais, Dakar s'abstient de régler en solo cette crise politique interne. Les autorités sénégalaises ont jusqu'ici laissé les Bissau-guinéens dans leurs querelles partisanes qui empêchent une institution aussi importante que le parlement de fonctionner.
Toutefois, ces querelles politiques internes au PAIGC ne doivent pas maintenir inexploité le pétrole qui se trouve à la frontière entre les deux pays et dont la plus importante partie se trouve au Sénégal.