Sénégal: sur la toile ou lors de funérailles, Macky Sall brasse large dans sa com

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Le 11/05/2017 à 17h41, mis à jour le 12/05/2017 à 08h15

La présidence sénégalaise se met à la communication digitale. Le gouvernement lance la plateforme «Génération Sénégal» pour cibler la jeunesse. Macky Sall n'abandonne pas pour autant les canaux de communication classiques dont certains s'avèrent très critiquables.

La présidence de la République du Sénégal tente de toucher les citoyens par divers canaux. Il s'agit surtout pour l'homme politique qu'est Macky Sall d'être en contact avec ses futurs électeurs et bien sûr de s'assurer leur sympathie pour le maintien de sa cote de popularité.

Dans cette démarche consistant à occuper tous les espaces, sa dernière trouvaille est "Génération Sénégal" qui est une plateforme numérique par laquelle il cible la jeunesse, la couche la plus représentative de la société. Car, faut-il le rappeler, les jeunes de moins de 30 ans représentent 68,88% de la population sénégalaise. Cela donne une idée de l'importance des jeunes Sénégalais en âge de voter. Or, ce sont justement les moins de 30 ans qui sont les principaux utilisateurs du Web et des réseaux sociaux. 

Dans un communiqué transmis à la presse, la présidence précise que la plateforme «Génération Sénégal», lancée ce mardi 9 mai, est «spécialement dédiée aux jeunes». Elle est donc une manière, pour Macky Sall, de mieux communiquer et d’interagir avec cette niche de citoyens, mais aussi d'électeurs sur les affaires qui concernent le Sénégal. D'ailleurs, la cérémonie de lancement de cette plateforme a été présidée par le chef de l’Etat lui-même, ce qui montre l'importance qu'il lui accorde. 

Ainsi, par des vidéos, quiz et infographies, la plateforme «Génération Sénégal» aura pour but de mieux impliquer, de «sensibiliser et informer de manière ludique et pédagogique par des formats innovants et dynamiques». Le gouvernement essaye ainsi de répondre aux sollicitations de la jeunesse sénégalaise concernant ses études, et son insertion socioprofessionnelle qui s’avère de plus en plus difficile.

Le lancement de cette plateforme digitale survient après l’ouverture, par le gouvernement, de comptes sur plusieurs réseaux sociaux, la mise en place d’un site internet accessible en français comme en anglais.

Parallèlement à ces moyens de communication, l’Etat sénégalais avait également initié la diffusion d’une newsletter et mis en place un chatbot interagissant avec les internautes sur les réseaux sociaux. Il dispose également d’un espace numérique mobile. Cette plateforme est accessible à partir des réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Snapchat et Instagram. Le lien www.generationsenegal.presidence.sn est aussi disponible sur le site de la présidence de la République.

Même les funérailles sont des canaux de com

Toutefois, cette présence sur le Net n’empêche pas la présidence de la République d’essayer d’être plus proche des populations par d’autres canaux moins conventionnels, mais tout aussi très efficaces. Comme on a pu le remarquer, le couple présidentiel est très souvent présent lors des manifestations religieuses, dans certaines cérémonies familiales, voire à l’occasion des funérailles de certaines personnalités religieuses ou politiques.

A titre d’exemple, on peut citer le rappel à Dieu de Cheikh Ahmed Tijane Al Maktoum. Le président Macky Sall avait tenu à être présent à Tivaouane pour présenter ses condoléance à la famille de Cheikh El Hadj Malick Sy. Ce fut aussi le cas à l’occasion du décès de la mère de maître Aïssata Tall Sall, la célèbre avocate militante du Parti socialiste du Sénégal. Ces divers déplacements du couple présidentiel sont une manière de communiquer avec une autre couche de la population.

Ces cérémonies sont l'occasion de s'attirer la sympathie de personnes plus âgées. Même si l'on se garde d'y parler de politique, on sait que les tractations ne sont jamais loin. Par exemple, c'est lors de la cérémonie de prières en la mémoire de la défunte mère de l'opposant Samuel Sarr que Macky Sall a fait un appel du pied à ceux qui voudraient bien rejoindre la coalition. Cela lui avait valu les foudres de Babacar Gaye qui lui a fait savoir que ce n'était ni le moment ni le lieu. 

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 11/05/2017 à 17h41, mis à jour le 12/05/2017 à 08h15