Sénégal. Législatives: même en prison, Khalifa Sall trouble le sommeil de Macky Sall

Pour Macky Sall, il est hors de question de perdre face à Khalifa Sall

Pour Macky Sall, il est hors de question de perdre face à Khalifa Sall. DR/

Le 04/07/2017 à 18h00, mis à jour le 05/07/2017 à 07h59

Macky Sall attend impérativement une victoire aux législatives du 30 juillet 2017. A ce titre, le leader de la coalition «Bennoo Bokk Yakaar» secoue ses alliés. «Il faut gagner Dakar ou on va tous périr», leur a-t-il lancé.

A l’Alliance pour la République (Apr) de Macky Sall, on n’attend pas l’ouverture officielle de la campagne pour les législatives du 30 juillet 2017 pour s’y mettre. Recevant ses alliés investis sur la liste départementale de Dakar, le leader de la coalition «Bennoo Bokk Yakaar» galvanise ses troupes qui sont plus promptes à s’entredéchirer qu’à aller à l’essentiel.

Devant ses alliés Moustapha Niasse, leader de l’Alliance des forces de progrès (AFP) et Ousmane Tanor Dieng, premier secrétaire du Parti socialiste, Macky Sall a prévenu les candidats députés des risques encourus en cas de défaite de son camp. «Je ne vous sens pas dans la campagne. Au lieu de se tourner vers l’essentiel, les gens sont dans des querelles, sachez que, c’est à vos risques et périls. Il faut gagner Dakar ou on va tous périr», a-t-il lancé.

Il est vrai qu’une victoire de la coalition «Manko Taxawou Senegaal» lui imposerait une cohabitation avec l’opposition. «C’est hors de question de perdre face à une liste menée par quelqu’un qui n’a pas sa liberté de mouvement», a-t-il affirmé en faisant allusion à Khalifa Sall, emprisonné depuis le 7 mars 2017.

Macky Sall attire toujours l’attention des candidats députés de «Bennoo Bokk Yakaar» qui selon lui, doivent se réveiller à temps. «Ne dormez pas sur vos lauriers, en vous disant que nous avons une majorité de maires dans les 19 communes d’arrondissements et que nous allons gagner».

L’aveu maladroit de Macky Sall

Concernant les querelles internes, Macky Sall entend sévir en cas de récidive d’un de ses partisans. «Toute attaque personnelle sera sévèrement réprimée», a-t-il prévenu.

Ces mots prononcés par Macky Sall sonnent comme un «aveu» pour les partisans du maire de Dakar, tête de liste de la coalition «Manko Taxawu Senegaal». Et des voix commencent à se lever. «Monsieur le Président, vous avez déjà perdu. Électoralement, politiquement, moralement. Et même humainement. Quoi que vous fassiez, quels que soient les résultats au soir du 30 juillet, vous avez déjà perdu. Votre affirmation est un aveu d’échec, mais surtout un aveu tout court sur l’emprisonnement du maire de Dakar. Vous venez de prouver, en effet, que vous avez manipulé votre justice pour faire arrêter un adversaire devenu trop gênant. Mais bien avant cela, vous aviez perdu face à Khalifa Sall», a répliqué Moussa Taye conseiller politique de Khalifa Sall.

Ces mots sortis de la bouche du gardien de la Constitution laissent perplexes beaucoup de Sénégalais qui l’interprètent comme si, dans la reconquête de la capitale, il fallait museler l’opposant Khalifa Sall en le mettant en prison.

En disant à ses alliés: «je ne vous sens pas dans la compagne», Macky Sall leur a implicitement demandé de commencer à battre campagne alors que celle-ci, selon le code électoral, doit officiellement commencer 21 jours avant la date du scrutin. Par conséquent, la campagne ne sera officiellement ouverte que le dimanche 9 juillet 2017 à minuit et prendra fin le 28 juillet 2017 à minuit également. 

Par Mamadou Awa Ndiaye (Dakar, correspondance)
Le 04/07/2017 à 18h00, mis à jour le 05/07/2017 à 07h59