Sénégal. Présidentielle 2019: Karim Wade, l'absent qui défie Macky Sall

Karim Wade

Karim Wade. dr

Le 20/03/2018 à 11h04, mis à jour le 20/03/2018 à 11h06

Karim Wade adresse une lettre ouverte au gouvernement de Macky Sall et annonce sa candidature en 2019. Wade fils promet de «battre l’actuel président sénégalais en 2019», mais sa candidature risque d’être invalidée à cause d'embrouilles judiciaires avec l’Etat.

Karim Wade semble revigoré par la décision de la Cour d’appel de Paris de ne pas suivre l’Etat du Sénégal dans sa demande de confiscation de ses biens immobiliers en France. Depuis le Qatar où il vit en exil, le fils d’Abdoulaye Wade, ancien président de la République, s’adresse à l’opinion sénégalaise à travers sa page Facebook. Wade fils se dit ainsi « très déterminé à faire face à Macky Sall lors de la prochaine élection présidentielle de 2019». Toutefois ce pari d’affronter Macky Sall ne semble pas gagné d’avance. L'ancien ministre reste sous le coup d'une condamnation qui l'oblige à payer une lourde amende. 

«Encore une fois, justice m’est rendue par des juridictions étrangères indépendantes impartiales composées de magistrats non soumis aux ordres de Macky Sall et de son clan. En effet, ce 14 mars 2018, la Cour d’appel de Paris, confirmant un jugement déjà rendu par le Tribunal de Grande Instance de Paris, a infligé un cinglant revers à Macky Sall en rejetant la demande de confiscation présentée au nom de l’Etat du Sénégal», peut-on lire sur son statut.

Concernant sa condamnation à 6 ans de prison et l’amende qui lui a été infligée par la Cour de répression de l’enrichissement illicite, Wade fils continue d’accuser Macky Sal d’avoir instrumentalisé la justice sénégalaise pour l’écarter des prochaines joutes électorales. Ainsi a-t-il dénoncé : «Le moment est venu pour Macky Sall de se rendre à l’évidence en regardant la réalité en face. Des juges à son service exclusif, en violation de leurs devoirs, ont pu lui faire croire qu’il pouvait choisir ses adversaires en m’éliminant, avec leur aide, de toute compétition politique et perpétuer ainsi le pouvoir de son clan, de ses amis et de sa famille».

Toutefois, Karim Wade ne semble pas abdiquer et se dit «déterminé» à en découdre avec son adversaire. «Le moment est venu pour Macky Sall se résoudre à m’affronter dans une compétition loyale et transparente», a-t-il ajouté.

Il convient de rappeler tout de même qu’à la suite de son procès qui s’est déroulé en mars de 2015, Karim Wade a été condamné à 6 ans de prison et à payer une amende de 138 milliards de francs CFA. Toutefois à la suite d’une grâce présidentielle, il sera sorti de prison et convoyé nuitamment au Qatar dans un avion spécial affrété par l’émir. C’est pourquoi la plupart de ses partisans et des citoyens sénégalais parlent «de son exil forcé». Cependant, cette grâce présidentielle ne couvre pas l’amende que doit payer Karim Wade au Trésor public sénégalais. En effet, pour voir son éventuelle candidature validée, le fils d’Abdoulaye Wade devrait verser cette somme de 138 milliards de francs CFA, ce qui parait peu peu probable.

Nombre des détracteurs de Karim Wade voient ainsi dans l’annonce de sa candidature, une démarche politique et un souci de communication afin de ne pas tomber dans l’oubli.

L’ancienne Première ministre Aminata Touré parle ainsi d’un «discours fanfaron du repris de justice Karim Wade qui s’adresse à ses partisans, désespérés par son absence à 10 mois de l’élection présidentielle». Selon elle, «ce serait bien de le revoir ici chez nous avec le chèque de 138 milliards qu’il doit au contribuable sénégalais». Aminata Touré fait ainsi ironiquement allusion à l’amende que doit verser Karim Wade s'il veut pouvoir espérer que sa candidature aux élections présidentielles de 2019 soit validée.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 20/03/2018 à 11h04, mis à jour le 20/03/2018 à 11h06