Sénégal. Financement de Ousmane Sonko: la firme britannique Tullow Oil dément formellement

Ousmane Sonko

Ousmane Sonko. dr

Le 13/01/2019 à 07h48, mis à jour le 13/01/2019 à 09h56

Tullow Oil vient d'user de son droit de réponse pour apporter un démenti formel à propos d’un financement qu’il aurait accordé au leader de Pastef, Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle sénégalaise de février prochain.

Ousmane Sonko, le leader du parti Pastef, aurait bénéficié de largesses de la société pétrolière britannique, Tullow Oil, pour financier sa campagne présidentielle de février 2019. C’est du moins ce qu'ont soutenu la plupart de sites d’informations sénégalais, reprenant une information d'un site d'information ghanéen 

«La compagnie pétrolière Tullow Oil, légalement écartée de l’exploitation des ressources pétro-gazières découvertes au Sénégal, s’engage a apporter un soutien financier massif et discret, estimé à 195 000 dollars, à Ousmane Sonko», peut-on ainsi lire sur le journal en ligne DakarActu du jeudi 10 janvier.

L’auteur de cet article est allé plus loin en affirmant que Tullow Oil aurait «sollicité sa filiale du Ghana pour financer l’opération, la très lointaine Afrique du Sud était choisie pour abriter les pourparlers secrets avec Sonko», qui serait considéré comme un «jeune leader émergeant» par les dirigeants de cette junior pétrolière britannique.

Le site affirme détenir des «documents confidentiels» compromettants pour le leader du Pastef.

Dans une publication diffusée le mercredi 9 janvier dernier, le site ghanéen, Modem Ghana faisait savoir qu’un «jeune prodige de la vie politique sénégalaise, Ousmane Sonko, a déjà bénéficié de financements de la part d’une grande compagnie pétrolière européenne afin d’assurer sa victoire aux élections».

En contrepartie, le candidat devait, au cas où il serait porté à la tête du Sénégal, «proposer à cette compagnie d’avantageux contrats pétroliers».

Une information sans fondement

Même si l’article initial a été enlevé du site ghanéen susmentionné, on peut toujours le lire sur Webarchive. Plusieurs publications sénégalaises sont donc tombées dans le piège, dont le journal l’Observateur, lequel, dans sa une du jeudi 11 janvier, montre deux documents et les a présentés comme des preuves de versement de sommes d'argent dont Ousmane Sonko aurait bénéficié.

Ces documents sont, selon toute vraisemblance, des faux, du fait des nombreuses fautes, de la faiblesse de la langue, et de l’absence d’un cachet ou d’une signature prouvant leur authenticité.

Une thèse que confirme Anne-Sophie Faivre Le Cadre, journaliste au bureau de l’Agence française de presse (AFP) à Dakar, qui cite George Cazenove, directeur de la communication de la firme Tullow Oil. «La compagnie Tullow n’a jamais versé d’argent à Ousmane Sonko. Les documents circulant au Sénégal sont contrefaits. Ils n’ont pas été signés, n’ont pas l’en-tête de Tullow et sont rédigés dans un anglais extrêmement sommaire», affirme ce dernier.

Cette thèse est également soutenue par le secrétaire national à la communication du Pastef, le parti d’Ousmane Sonko. «Sonko n’a jamais reçu d’argent de la part de cette société, ce sont des fake news», soutient aussi ce dernier.

Un article publié par un journaliste fantôme

A la publication de cet article voulant discréditer le leader du parti Pastef, beaucoup de lecteurs se demandent aujourd'hui si son auteur, Michelle Damsen, existe réellement? Et tout porte à croire qu'il s'agit là d'un pseudo, car toutes les recherches effectuées pour retrouver sa trace sur Internet n’ont donné aucun résultat.

L’auteur de cette fake news sur Ousmane Sonko aurait-t-il joué la ressemblance des noms Michelle Damsen et Michelle Madsen pour la faire passer? C'estsans doute le cas, car celle-ci se trouve être poète, écrivaine, journaliste et activiste.

«Je ne suis pas l’auteur de cet article. Mais c’est une bien étrange coïncidence que le nom de l’auteur de cet article soit si proche du mien -Modern Ghana est-elle une publication fiable?», affirme-t-elle sur sa page Facebook.

«C’est très étrange. Je n’ai rien à voir avec cette histoire. Cela ressemble à une campagne de dénigrement massive», a-t-elle également répondu à l’AFP

Une chose est sûre, au Sénégal où la campagne présidentielle a commencé bien avant l'heure, tous les coups semblent désormais permis,...

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 13/01/2019 à 07h48, mis à jour le 13/01/2019 à 09h56