Sénégal: un opposant fait de graves révélations sur la gestion du gaz et du pétrole

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Le 23/06/2018 à 16h47

Clédor Sène, un opposant du Parti démocratique sénégalais d'Abdoulaye Wade a porté de graves accusations à l'encontre du président Macky Sall en ce qui concerne la gestion du gaz et du pétrole sénégalais. Il dénonce des contrats octroyés dans des conditions peu orthodoxes à Total et à Ovid Tender.

Après les révélations de Thierno Alassane Sall, ancien ministre de l’Energie, sur la gestion catastrophique du pétrole et du gaz sénégalais, la sortie du livre du député Ousmane Sonko qui a pointé du doigt Aliou Sall, le frère du président Macky Sall, qui serait mouillé dans des contrats peu orthodoxes concernant les énergies fossiles du pays, un autre opposant s’est levé pour pointer du doigt la président Macky Sall.

Clédor Sène, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est revenu, chiffres à l’appui, sur «le bradage» des ressources naturelles du Sénégal par l’Etat au profit des multinationales étrangères et des hommes d’affaires peu scrupuleux.

Réagissant sur le récent appel au dialogue lancé par le président Macky Sall sur la gestion des ressources tirées du gaz et du pétrole sénégalais, l’opposant Clédor Sène n’y est pas allé par le dos de la cuillère.

«Je précise qu’il n’a pas appelé à dialoguer sur nos ressources naturelles mais plutôt sur le pétrole et le gaz. Il ne le fera jamais. Ce qui se cache sur la gestion des ressources naturelles du Sénégal dépasse largement le pétrole et le gaz», a-t-il dit. Il ne s’est pas arrêté à cette seule remarque, mais a fait des révélations ignorées de plusieurs Sénégalais.

«Je vais vous dire une chose. Imaginez la région de Casamance, c’est à dire Ziguinchor, Kolda et Sedhiou, ils l’ont morcelée. Toute cette région regorge de blocs pétroliers et gaziers. Ils les ont cédés, en 2013 à Ovid Tender, un blanchisseur d’argent comme Frank Timis. Il est actuellement en prison pour sept (7) ans. Toute la région de Diourbel regorge de blocs pétroliers concédés à A-Z Petroleum. Idem à Louga, soit 27.000 km2. Sans compter du côté du Cap-vert. Autant de blocs vendus pour des spéculations en bourse», a poursuivi Clédor Sène.

Tout comme Ousmane Sonko, leader du parti Pastef/Les Patriotes, qui avait décliné l’invitation à une concertation sur le pétrole, il a donné les raisons pour lesquelles un tel dialogue demeure insensé.

«Maintenant ce qui se trouve en mer représente le plus important et le président Macky Sall a tout vendu à Total, tout ce qui se trouve dans la mer du Sénégal, soit 65 mille km2, ce qui représente 120 fois la région de Dakar. Le contrat a été signé le 12 mai 2017 mais le décret a été signé courant mois d’avril dernier… Après ça, il demande à dialoguer. Il parle maintenant d’un nouveau code pétrolier», a-t-il accusé.

Un code pétrolier non rétroactif

Malheureusement, selon Clédor Sène, l’Etat du Sénégal a signé d’importants contrats avant d’appeler à réfléchir sur un Code pétrolier à mettre en place. Mais la démarche de l’Etat relève du cinéma. «Ce qu’il faut savoir, c’est que ce nouveau code pétrolier ne sera pas rétroactif. Il ne prendra pas en compte les contrats qui l’ont précédé. Maintenant l'Etat dit qu'avant de céder un nouveau bloc, on va procéder à un appel d’offres. Aujourd’hui, la question qu’il faut se poser est celle de savoir: quel bloc reste-t-il au Sénégal?». La réponse est toute simple, selon Clédor Sène, aucun puisque «Macky Sall a tout vendu».

Pour toutes ces raisons citées, Clédor Sène, à l’instar de l’opposition et la société civile dites «représentatives», n’a pas voulu «participer à ce cinéma».

Enfin, concernant la gestion des revenus du pétrole et du gaz, il trouve anormal, à la limite inacceptable, le fait que le président Macky Sall veuille que les ressources issues du pétrole et du gaz sénégalais soient partagées en trois parties.

Rappelons que selon l’Etat, une partie sera gérée par le Fonds souverain d’investissements stratégique (Fonsis), qui est entre «les mains des parents et proches du président Macky Sall». Et cet argent ne fera pas parti du budget du Sénégal.

Une deuxième partie ira dans les caisses de l'Etat. Ceci est une manière, pour Macky Sall et ses ministres, de «l’utiliser à leur guise». Le grand oublié dans ce partage inéquitable sera le peuple sénégalais avec plus de 15 millions de personnes qui ne bénéficieront que du 1/3 des ressources tirées du pétrole et du gaz du pays, explique l'opposant.

Par Moustapha Cissé (Dakar, correspondance)
Le 23/06/2018 à 16h47